Le cargo Rachel Corrie, affrété par une organisation irlandaise pour acheminer de l'aide humanitaire à la bande de Ghaza, se dirigeait, hier, vers l'enclave palestinienne, a annoncé le mouvement irlandais dans un communiqué. Auparavant, le mouvement Free Gaza, organisateur de la flottille d'aide pour Ghaza, arraisonnée en début de semaine par Israël, avait fait état d'une perte de contact avec le navire. « Le Rachel Corrie poursuit sa route vers Ghaza », a affirmé la Campagne de solidarité Irlande-Palestine, précisant avoir réussi à joindre les passagers dans la matinée. Jenny Graham, une passagère à bord, a déclaré hier matin par téléphone satellitaire : « Nous sommes à environ 150 miles de Ghaza, avançons à bonne allure, et espérons arriver à Ghaza demain matin (aujourd'hui) », selon le texte. De son côté, le directeur général des Affaires étrangères israélien, Yossi Gal, a fait savoir qu'Israël n'avait « aucun désir de confrontation ». « Nous n'avons aucun désir d'aborder le navire. Si le bateau décide d'aller jusqu'au port d'Ashdod, alors nous garantirons sa bonne arrivée et nous ne l'aborderons pas », a-t-il affirmé dans un communiqué. « Israël est prêt à recevoir le bateau et à décharger sa cargaison. Après l'avoir inspecté, et s'être assuré qu'il ne transporte pas d'armes ou de matériel de guerre, nous sommes prêts à livrer tout le chargement à Ghaza », en coopération avec l'ONU et les organisations internationales, a ajouté M. Gal. Le Rachel Corrie, à bord duquel voyagent 15 personnes de nationalités irlandaise et malaisienne, dont un prix Nobel de la paix et un ancien responsable de l'ONU, transporte un millier de tonnes d'aide, selon les organisateurs. Il devait initialement faire partie de la flottille arraisonnée le 31 mai. Cap sur Ghaza Ce cargo compte toujours passer outre le blocus israélien, a affirmé, hier, Mairead Maguire, prix Nobel de la paix qui se trouve à bord. Le bateau, affrété par l'organisation irlandaise Campagne de solidarité Irlande-Palestine (IPSC), devrait se trouver à une quarantaine de kilomètres des côtes de Ghaza ce matin, a déclaré Mme Maguire, 66 ans, sur les ondes de la radio publique irlandaise RTE. « Nous ne sommes pas en contact avec les Israéliens et les Israéliens ne sont entrés en contact avec aucune des personnes à bord de ce navire, mais nous sommes totalement déterminés à mener le navire à Ghaza », a-t-elle dit via un téléphone satellitaire. « L'un des éléments qui nous parviennent est qu'Israël pense que nous allons diriger ce navire et sa cargaison vers Ashdod. Mais nous n'avons aucune intention d'aller à Ashdod qui est en Israël », a-t-elle poursuivi. Or, un communiqué du ministère israélien des Affaires étrangères a réitéré sa demande au navire irlandais d'accoster dans le port israélien d'Ashdod, près de Tel-Aviv (sud). Le scénario de la Flottille de la liberté semble donc inévitable. Mais, « nous n'avons pas peur », souligne Mairead Maguire. Et d'ajouter : « Nous sommes partis pour livrer cette cargaison à la population de Ghaza et ce que nous souhaitons faire, c'est briser le siège de Ghaza. » Mairead Maguire affirme également que « nous ne sommes pas disposés à autoriser Israël à contrôler le navire. Notre cargaison a été inspectée par des responsables du gouvernement irlandais, par des responsables syndicaux à Dundalk (un port d'Irlande du Nord) et par des responsables du parti écologiste. » Le prix Nobel de la paix 1976 est d'autant plus décidée à aller au bout de l'aventure que la population de Ghaza – 1,5 million d'habitants, dont 30% âgés de moins de 18 ans – subit un « siège cruel » : « C'est une punition collective infligée par le gouvernement israélien. Elle enfreint le droit international et les droits de l'homme. » Agences, H. M.