Encore une fois la Fédération algérienne de football (FAF) rentre dans le mur en matière de compréhension des textes et règlements, comme l'indique son dernier acte, c'est-à-dire la mise sur pied de la direction de contrôle et de gestion financière (DCGF). D'emblée, elle s'est trompée d'appellation de l'organe. Alors que le décret exécutif 14-330 du 27 novembre 2014 parle de la direction de contrôle de gestion financière (DCGF), la FAF lui a préféré la direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG), un titre emprunté aux textes de la Fédération française de football (FFF). Ce qui montre la légèreté avec laquelle l'instance faîtière du football national prend les choses. Ce n'est pas tout malheureusement. Il y a pire. L'officialisation de la mise en place de cet organe à travers l'installation de ses membres (cinq) a mis une fois de plus à nu les connaissances très limitées des responsables de la fédération en matière de textes et règlements. Sur les cinq personnes choisies et installées par la fédération pour diriger la DCGF, et non pas la DNCG made in France, au moins deux membres n'ont pas le droit de faire partie de l'organe qui va contrôler la gestion financière des clubs. Il s'agit du président Reda Abdouche et du membre Mourad Moussafir. Tous deux sont des salariés et officiels de la fédération. Le premier l'est au titre de président de la commission des licences CAF et le second occupe les fonctions de secrétaire général de la Ligue de football professionnel (LFP). Ces nominations enfreignent les articles 40 et 51 des statuts de la FIFA qui traitent de la gouvernance et de la conformité. L'alinéa 1 de l'article 40 (commission de gouvernance) précise : «Le président et le vice-président doivent remplir les critères d'indépendance tels que définis dans le règlement de gouvernance de la FIFA», conforté par l'article 37 (commission d'audit et de conformité) du règlement de gouvernance qui indique dans son alinéa 1 (composition) «La commission d'audit et de conformité est composée de trois à sept membres et aucun d'entre eux ne doit faire partie d'un autre organe de la FIFA (et de la FAF dans le cas présent).» Il y a lieu d'indiquer qu'un autre membre de la commission, M. Guerza (expert comptable et commissaire aux comptes) ne peut faire partie de cet organe, si d'aventure il assume une mission ou fonction au sein de la fédération. Les textes de la FIFA, que la FAF doit obligatoirement respectés, insistent sur l'indépendance des individus qui siègent au niveau des organes des instances de la fédération. En matière de méconnaissance des textes et règlements, la fédération n'en est pas à sa première bévue. Pour rappel, lors de la première réunion du bureau fédéral quelques jours après son élection, le président Kheireddine Zetchi a nommé, en violation des textes, Mohamed Maouche président de la commission d'éthique et du fair-play, alors que les statuts de la FIFA et de la FAF soulignent que le président et le vice-président d'un organe juridictionnel, c'est le cas de la commission de l'éthique, doivent être des juristes de formation. La FAF a mis des mois pour rectifier son erreur et respecter les textes qui régissent la composition des organes juridictionnels. A priori, elle n'a pas appris la leçon et elle continue de piétiner allégrement les règlements, comme elle vient de le faire avec l'inscription à l'ordre du jour d'une assemblée générale extraordinaire d'un point qui ne figure pas dans l'article 29.6 des statuts de la FAF ainsi que l'installation de la DCGF en totale contradiction avec les textes de la FIFA.