Les universitaires ont déploré leur exclusion du programme prévoyant l'accompagnement des acteurs du développement local. Le programme Capdel, pour le renforcement des capacités des acteurs du développement local lancé dans la commune de Tigzirt à quarante kilomètres au nord du chef-lieu de Tizi Ouzou, ne semble pas convaincre les experts universitaires locaux. Des enseignants à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ont, en effet, relevé l'opacité qui entoure la concrétisation de ce projet pilote de développement local initié par le ministère de l'Intérieur en collaboration avec l'Union européenne et le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). Lors du 2e séminaire national sur l'entrepreunariat et la dynamique territoriale, organisé mercredi dernier par la faculté des sciences économiques, commerciales et de gestion, des intervenants sont revenus sur ce projet lancé en grande pompe en mars 2017 dans la commune côtière de Tigzirt. Cette phase expérimentale devant s'étaler jusqu'en 2020 concerne aussi neuf autres communes à travers le territoire national avant son élargissement à toutes les collectivités locales. B. Abrika, enseignant à la faculté organisatrice de l'événement, estime que «la communauté universitaire est complètement exclue de la concrétisation du projet Capdel à Tigzirt». Réagissant à une conférence sur le thème «développement local et démocratie participative : ébauche d'un modèle algérien», l'intervenant rappelle que «l'université peut être d'un important apport. La compétence universitaire existe et peut accompagner ce projet de développement local pour atteindre les objectifs tracés», espérant toutefois «des résultats concluants, notamment dans le domaine touristique et balnéaire». Les participants au colloque semblaient ignorer la phase où en est la mise en place de ce projet, ne disposant d'ailleurs d'aucune autre information si ce n'est la date du lancement du Capdel à Tigzirt. Une autre intervenante, tout en relevant l'opacité qui entoure ce programme, se demande d'ailleurs s'il n'a pas été interrompu, d'autant plus que la conférence portant sur ce thème confirme que dans les autres wilayas concernées, des stages de formation dans le domaine de la gouvernance participative ont actuellement lieu. Ce qui ne semble pas être le cas à Tigzirt. Mme Benhabib de l'université de Mostaghanem, ayant présenté la conférence sur le Capdel, est longuement revenue sur ce programme ayant nécessité une enveloppe de 11,7 millions de dollars des trois partenaires, à savoir le ministère de l'Intérieur en collaboration avec l'Union européenne et le PNUD. Sa réalisation est à moins de 70% et inclut quatre groupes à savoir les élus, les organisations de la société civile, les opérateurs économiques et les citoyens, notamment les femmes et les jeunes. Mme Benhabib rappelle aussi que parmi les effets attendus de ce programme figurent «la levée des obstacles au développement local, la création d'emplois, la modernisation de la gestion des collectivités locales et le développement des différentes ressources».