– Sétif, Khenchela : La mobilisation inébranlable L'obstination du régime, ne voulant en aucune manière lâcher du lest, n'augure rien de bon pour le pays qui ne va pas trouver une sortie de crise de sitôt. Après avoir vilipendé les derniers symboles du pouvoir ayant siphonné les richesses du pays, bâillonné la liberté de parole, mis à genoux l'économie nationale, emprisonné des femmes et des hommes libres, et obligé les plus grandes compétences du pays à prendre le chemin de l'exil, les Sétifiens, déterminés plus que jamais, s'attaquent frontalement à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Les candidats à la candidature ainsi que les instances chargées de l'organisation et du contrôle de ladite élection sont pointé du doigt. «Makach el vote maa el îsaabat» (Pas de vote avec le clan) est le leitmotiv des Sétifiens qui ne mâchent pas leurs mots. «Peut-on organiser des élections ‘‘libres et transparentes'' alors qu'un grand moudjahid et une centaine de détenus d'opinion croupissent dans les prisons», déclarent à El Watan des marcheurs, très nombreux à Aïn Fouara. C'est le même constat relevé par notre correspondant à Khenchela. Le hirak y est toujours en vie. Les manifestants réaffirment leur opposition au vote. Ils refusent les élections dans les conditions actuelles, surtout en présence des deux «B» (Bensalah et Bedoui). Ils rejettent aussi l'avant-projet de la loi de finances 2020, notamment pour le projet de loi sur les hydrocarbures qui sera examiné demain en Conseil des ministres, «un projet qui menace l'avenir du pays», d'après eux. K. Beniaiche, M. Taïbi – Annaba, Souk Ahras, Bordj Bou Arréridj : Non au projet de loi sur les hydrocarbures La mobilisation était forte, hier, au 34e vendredi dans la wilaya de Annaba. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont scandé des slogans hostiles à la prochaine élection présidentielle du 12 décembre 2019. «Makanch intikhabat maa el issabat !» (Il n'y aura pas de vote avec la bande), «Jibou istimarat mel imarat !» (Ramenez les imprimés des Emirats), criaient-ils dans les mégaphones. Le chef d'état-major de l'armée et vice-ministre de la Défense a, également, eu son lot d'hostilités, dont les marcheurs le «priaient» de partir. Mieux, de nouveaux slogans rejetant la loi sur les hydrocarbures ont été aussi scandés par le mouvement populaire. «Kanoun El Mahrouqat à la poubelle !» (La loi sur les hydrocarbures à la poubelle), scandaient les manifestants. A Souk Ahras, et à la fin de la manifestation, le représentant de l'instance de surveillance des élections a été fortement critiqué par les marcheurs, qui l'ont cité par son nom. «Nous ne nous reconnaissons pas à travers ce supposé dépositaire de la transparence et de la crédibilité, dont l'identité, le parcours et les objectifs prêtent à équivoque», a déclaré l'un des manifestants. D'autres ajouteront que la personne en question ainsi que ses protecteurs seront dévoilés en temps opportun. A Bordj Bou Arréridj, c'est au rythme de «Dawla madania machi askaria», que la foule a encore marché hier pour «désapprouver» les élections avec les anciennes figures et dénoncer la dilapidation des richesses nationales à travers la nouvelle loi des hydrocarbures. M.-F. G., A. Djafri, M. A. – Skikda, El Tarf, Oum El Bouaghi : «On ne votera pas !» Makach el vote !» (Il n'y aura pas de vote), scandaient des centaines de Skikdis qui refusent d'abdiquer en maintenant la pression du hirak. «On ne votera pas et on ne faiblira pas. On poursuivra notre mouvement pacifiste. On ne fléchira pas devant les arrestations et les intimidations. Nous n'avons pas peur, car on ne fait que revendiquer le droit à la démocratie», témoignent plusieurs jeunes en marge de la marche d'hier, qui a drainé beaucoup de monde. Une marche qui a essentiellement été caractérisée par le retour impressionnant de la gent féminine et aussi par les slogans scandés. Les irréductibles du hirak à El Tarf forment maintenant un groupe d'inconditionnels qui portent haut et fort tous les vendredis les revendications du peuple. Les slogans scandés hier appelaient à la libération des otages, que sont les détenus politiques, les manifestants et les étudiants. Péremptoirement, ils ont annoncé qu'il n'y aura pas d'élection avec la bande qui gouverne le pays, avec à leur tête le chef de l'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Eux aussi ne désarment pas. Ce sont les citoyens d'Oum El Bouaghi, même s'ils sont moins nombreux par rapport aux vendredis passés. Certains portent des pancartes avec des slogans en arabe et en français, d'autres scandent des slogans hostiles au chef des armées, d'autres entonnent des chants patriotiques. «Nous n'irons pas voter !» ne cessent de répéter les hirakistes. K. O., Slim Sadki, L. Baâziz – Jijel, Tébessa, Biskra : Les manifestants toujours aussi nombreux Le rejet des élections du 12 décembre avec le système en place, de la loi de finances pour 2020 et celle relative aux hydrocarbures étaient les principaux thèmes des slogans scandés haut et fort, hier, à Jijel qui a enregistré un net regain de la mobilisation. Les manifestants ont aussi appelé à la libération des détenus et dénoncé les arrestations des étudiants mardi dernier. A ce propos, on entendra la foule crier : «Hazou Tliba machi talaba !» (Arrêtez Tliba et non pas les étudiants), «Ils ont vendu le pays !», «L'Algérie est un héritage vendu par les traîtres !», de même que les traditionnels slogans comme «Y en a marre des généraux !». Une détermination similaire a été observée à Tébessa. Plusieurs centaines de manifestants sont sortis dans la rue, réaffirmant leur détermination à lutter jusqu'au départ du dernier symbole de l'ancien régime et à dire non à l'élection présidentielle dans les circonstances actuelles. «Nous sommes déterminés plus que jamais à aller jusqu'au bout, la bande continue à faire la sourde oreille à la volonté du peuple algérien, sorti le 22 février pour le changement d'un régime corrompu qui dure depuis l'indépendance», a déclaré un hirakiste. Les manifestants de Biskra n'ont pas raté ce rendez-vous pour réitérer leurs profondes aspirations à l'instauration d'un Etat civil, républicain et démocratique et non militaire, «dirigé en sous-main par des généraux qui s'enrichissent sur le dos des Algériens», a souligné l'un d'entre eux. Les généraux et Gaïd Salah, chef de l'état-major de l'armée, soupçonnés de vouloir annihiler le hirak, ont été longuement fustigés tout le long du parcours de la marche hebdomadaire. Fodil S. , S. Lakehal, H. Moussaoui – Guelma : «Libérez Abdelkader Benamara !» La mise en détention, jeudi dernier (10 octobre), du facebooker et hirakiste Abdelkader Benamara à Guelma a provoqué aujourd'hui une onde d'indignation parmi les marcheurs. Ainsi, ce 34e acte du hirak à Guelma est, plus que jamais, porteur de messages de réprobation et d'indignation à l'adresse des ceux qui se positionnent aux commandes du pays. «Libérez Abdelkader Benamara ! Libérez Abdelkader Benamara !», scandaient à l'unisson, haut et fort, les hirakistes devant le siège de la wilaya de Guelma. Une revendication populaire entendue également à travers les rues et boulevards de la ville. «Les choses se précisent, il va falloir redoubler de vigilance avant de partager ou de publier sur Facebook. Ils nous guettent !» s'indigne un hirakiste. K. Dadci