– Annaba , Guelma : Les manifestants persistent et signent Au 33e vendredi, les habitants de la wilaya de Annaba persistent et signent pour le départ immédiat et sans aucune condition du système en place. Malgré la multiplication des barrages filtrants des services de sécurité, les manifestants sont arrivés par milliers, venus des quatre coins de la wilaya, pour être au rendez hebdomadaire, dont le point de chute est le Cours de la Révolution et ses alentours. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont manifesté, pacifiquement, en scandant différents slogans dont le dénominateur commun est : «Pas d'élections avec la bande !», «Pas d'élections avec les habitués des casse-croûte !» «L'appel lancé par le vice-ministre de la Défense pour aller voter le 12 décembre 2019 a, au début, scindé le peuple algérien en deux. Ceux qui y voient une solution à la crise que traverse le pays et ceux qui estiment que les conditions ne sont pas encore réunies pour une élection transparente. Actuellement, pratiquement tout le monde s'est rendu à l'évidence que cette élection présidentielle dans des conditions actuelles n'est pas envisageable. La seule solution qui contentera tout le monde est de répondre aux revendications du peuple. C'est-à-dire le départ de tout le système en place et la libération de tous les détenus d'opinion et du hirak», a expliqué un avocat parmi les manifestants. Le même refus des élections a été exprimé à Guelma. «Il n'y aura pas de vote avec ceux qui ont soutenu le règne des Bouteflika et encore moins avec leurs résidus», martèlent des marcheurs dans les rues et boulevards de la ville du 8 Mai 1945. M.-F. G., K. Dadci – Sétif, Bordj Bou Arréridj : La rue maintient la pression Le mouvement populaire maintient le cap, garde la forme, se montre déterminé à déjouer tous les plans du régime voulant imposer l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Malgré les manigances et les manœuvres, la mobilisation ne faiblit pas. Ainsi, les Sétifiens reviennent à la charge pour le 33e vendredi consécutif. Comme à l'accoutumée, la libération des prisonniers d'opinion, le rejet des prochaines échéances électorales, l'instauration de la IIe République fondée sur la justice sociale et l'égalité des chances, sont les principales revendications des manifestants, de plus en plus nombreux, à sillonner les principales artères de la ville du 8 Mai 1945. Pas dupes, les Sétifiens ne veulent pas d'un 5e mandat déguisé. Pour de nombreux hirakistes, les postulants ne sont que les lièvres d'un pouvoir illégitime et dépourvu du moindre projet de société. «On ne s'est pas révoltés contre le clan Bouteflika pour retomber une nouvelle fois dans les bras du même clan sans Bouteflika. Responsables eux aussi des malheurs du peuple algérien, pas disposés à faire du neuf avec du rapiécé, Benflis et Tebboune n'ont pas droit à un autre recyclage. L'Algérie de demain a besoin de sang neuf et de compétences désintéressées. Le temps des caciques est révolu. On n'a plus le droit de violer le vote des Algériens souverains» tonnent des manifestants drapés de l'emblème national. Toujours assidus à la marche hebdomadaire, les Bordjiens n'ont eu de cesse d'afficher haut et fort leur objection aux élections du 12 décembre. Ils persistent et signent qu'ils «n'apporteront pas leur caution pour un simulacre de vote sous la houlette des rescapés de la issaba». Tel était, en résumé, le principal slogan brandi hier par les marcheurs protestataires. K. Beniaiche, M. A. – Jijel Et Biskra : Le peuple ne veut pas de cette mascarade de vote La fougue des manifestants demeurait toujours intacte à Jijel, en dépit d'une légère baisse de la mobilisation hier à l'occasion de la 33e marche populaire. Le rejet des élections dans les conditions actuelles et avec la présence des Bedoui et Bensalah est toujours d'actualité, en plus de critiques sur les atteintes aux libertés et des discours de Gaïd Salah. Les manifestants répondront à ce propos que la contestation va continuer en criant «Wallah mana habsine !» «Hé ho, leblad bladna wen dirou raina ou makanch el vote !» (C'est notre pays, on fera ce qu'on voudra et il n'y aura pas de vote). Et à l'adresse du chef d'état-major : «Bye bye Gaïd Salah had El âam makach el vote !» (Bye bye Gaïd Salah il n'y aura de vote cette année). Pour les procédures de candidatures, la foule appelle à «renseigner les souscriptions aux Emirats», revendique la libération des détenus d'opinion en réitérant le slogan «Libérez nos enfants et arrêtez ceux de Gaïd !» et rappelle que «Hada châab la yourid, ya el menfi, houkm el âaskar min jadid» (Ce peuple ne veut plus d'un régime militaire). Pour le 33e acte du mouvement populaire à Biskra, l'avenue Zaàtcha a résonné, hier, aux chants des manifestants réclamant le départ du chef d'état-major accusé de vouloir reconduire un système politico-militaire «désuet et honni» par le peuple algérien et d'imposer l'élection présidentielle déjà empreinte d'un fâcheux caractère de mascarade, vu les dizaines de farfelus et d'anciens acteurs de la scène politique nationale qui ont manifesté leur désir d'y prendre part, ont-ils souligné. «Dawla madania, machi askaria» (Etat civil et non militaire), «Nous ne nous arrêterons pas, ou c'est vous ou c'est nous !» «Remettez le pouvoir au peuple», ont scandé les manifestants, en majorité des jeunes qui aspirent à une vie meilleure et pour qui le vote ne constitue pas une priorité, a-t-on constaté. Fodil S. et H. Moussaoui – Skikda, Souk Ahras, Oum El Bouaghi : Les infatigables toujours présents Le hirak dans la ville de Skikda a, depuis quelques semaines déjà, fini par fidéliser quelques centaines de citoyens qui, chaque vendredi, se donnent un nouveau rendez-vous pour poursuivre leur lutte pour un «Etat civil et non militaire». Hier encore, ces infatigables marcheurs sont de nouveau sortis pour signifier leur refus de l'option «de l'élection présidentielle» tout en maintenant leur slogan fétiche «Dawla madabnia machi aâskaria». Des pancartes ont également été brandies à l'occasion, les unes pour exiger «un Etat de droit», les autres la libération «des détenus d'opinion» tout en maintenant le même mot d'ordre du hirak «Silmya, silmya». Comme à Skikda, les manifestants à Souk Ahras ont exprimé leur refus des élections et mis en garde contre la confiscation de la volonté populaire. Ils ont tous scandé des slogans hostiles à l'actuel staff exécutif et fustigé la mainmise sur les structures de l'Etat. Après avoir sillonné les artères principales de la ville ils ont marqué une halte à la place de l'Indépendance, où ils ont réitéré la détermination du peuple à rompre avec les symboles de la corruption, sans distinction aucune pour leur rang ou leur importance par rapport au pouvoir décisionnel. Les inconditionnels du hirak à Oum El Bouaghi, dont Boubakeur, Newfel, Lotfi, Mohamed Lamine et des centaines d'autres, ont scandé des slogans fustigeant l'organisation de la présidentielle, alors que la majorité de la population est contre. Le mouvement citoyen continue, Zine Eddine le dit et le réitère : «Nous n'abdiquerons pas, si c'est ce qu'on attend de nous !» K. Ouhab, A. Djafri, L. Baâziz