Après quarante-trois ans d'absence sur le marché international, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a réalisé sa première opération d'exportation d'orge à partir du port d'Alger, hier, en présence du ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa. Le DG de l'OAIC, Nourredine Kehal qui supervisait également le chargement de la cargaison d'orge destinée à la Tunisie, se rappelle précisément que c'est en 1967 que l'Algérie a exporté, à partir du port de Mostaganem, sa dernière cargaison de céréales constituée de 50 000 quintaux de blé dur. Hier, pour le coup d'envoi officiel de l'opération d'exportation du surplus d'orge récolté en 2009, ce sont plus de 100 000 quintaux achetés par un trader français au profit de l'Office des céréales de Tunis qui ont commencé à être chargés sur le navire Rita. Cette première opération d'exportation en plus de son caractère « historique », comme ont aimé à le répéter hier les responsables du secteur de l'agriculture, se révèle être également une bonne affaire du point de vue financier, puisque le lot d'orge acheté par le négociant français a été cédé au prix de 140,5 dollars la tonne alors que les cours de l'orge oscillent actuellement entre 130 et 135 dollars à la Bourse de Chicago. Un très bon prix que justifie, selon Nourredine Kehal, DG de l'OAIC, « l'excellente qualité du produit algérien ». « Cette première opération a été réalisée à un prix nettement supérieur au cours de la Bourse, preuve que ceux qui l'ont acheté connaissent bien notre produit qui continue de susciter d'ailleurs un grand intérêt de la part des traders et entreprises de négoce en céréales. » L'orge exportée est, selon M. Kehal, « nettement au-dessus des normes internationales admises, que ce soit en termes de poids spécifique – 68% par rapport à une norme internationale de 62% de taux d'humidité, 9% par rapport à un taux international de 14,5% ou de taux de protéines 9% contre un standard de 7 à 8% ». A propos des prochaines opérations d'exportation, le DG de l'OAIC estime que cela se fera en fonction des capacités de conditionnement. « Chaque coopérative de wilaya procède actuellement à la mise à niveau du stock dont elle dispose, chaque fois que nous aurons l'équivalent d'un chargement d'un bateau, nous lancerons l'opération d'exportation », a déclaré le responsable de l'OAIC qui précise, toutefois, que la période qui vient sera caractérisée par une baisse des cours mondiaux des céréales coïncidant avec les récoltes au niveau de l'hémisphère Nord. « Nous gérerons donc nos prochaines exportations en fonction des cours sur le marché international et la Bourse de Chicago. » M. Kehal a rappelé que pour sa première opération d'exportation, l'OAIC gère actuellement a posteriori la récolte en triant la production afin de garantir les meilleures cargaisons destinées à l'exportation. « Aujourd'hui, précise le DG de l'OAIC, nous commençons à nous inscrire dans le cadre d'exportations structurelles et dès le début de la campagne prochaine, nous identifierons les terres et les agriculteurs qui vont constituer le réseau de la production destinée à l'exportation. » M. Kehal souligne que les agriculteurs choisis vont faire l'objet d'un accompagnement et d'un suivi par l'OAIC pour répondre, dès le lancement de la campagne, aux normes du marché international. « L'exportation est une culture que l'on va essayer de développer pour que l'année prochaine le programme d'exportation soit déjà connu au moment des moissons. » Désherbage et prévention des maladies cryptogamiques seront par exemple systématiquement utilisés afin que toutes les conditions d'un bon produit soient réunies dès la récolte. Explique le DG de l'OAIC. De son côté, le ministre de l'Agriculture a lancé un appel aux agriculteurs pour qu'ils utilisent la mécanisation et l'irrigation d'appoint pour améliorer la production et a estimé qu'ils (les agriculteurs) devraient tirer profit du soutien des prix d'achat des céréales décidés par le gouvernement pour les cinq années à venir afin d'améliorer leur production.