Photo : Makine F. Après quarante-trois ans d'absence de la scène céréalière internationale, l'Algérie a embarqué hier au port d'Alger la première cargaison d'orge algérien à destination de la Tunisie, en présence du ministre de l'Agriculture et du Développement rural ainsi que du directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Le ministre, qui a supervisé cette opération, a visité le point de chargement de l'orge et le laboratoire d'analyse des échantillons où il a reçu des explications. Le premier chargement est acheté par Granit Négoce, une société de négoce française qui la vendra à l'Office des céréales Tunis. En marge de cette opération, le ministre a qualifié cette première opération de moment symbolique et historique, «car la vis qui a fonctionné dans un seul sens pendant quarante-trois ans va fonctionner dans l'autre sens aussi». Il a affirmé qu'une autre opération d'exportation est prévue pour la semaine prochaine. M. Benaïssa a invité les agriculteurs à avoir confiance en eux, affirmant que les potentialités existent et peuvent être mieux exploitée. Le ministre a indiqué qu'il faudrait créer les conditions de durabilité. C'est le message adressé aux agriculteurs. Pour le ministre, il est possible d'améliorer la production céréalière si les agriculteurs utilisent la technologie, parce que «nos potentialités ne sont pas utilisées pleinement». Dans cette optique, il a fait appel à ces derniers pour la multiplication du système d'irrigation d'appoint. A court et moyen termes, a-t-il expliqué, 500.000 hectares seront irrigués par ce système. Pour mettre en exergue l'efficacité d'irrigation d'appoint, le ministre a rappelé qu'un hectare irrigué par ce système produit 75 quintaux, alors que celui irrigué normalement produit 15 quintaux. Sur un autre plan, le ministre a indiqué que les équipements d'irrigation d'appoint sont soutenus à hauteur de 50% par l'Etat et que les agriculteurs ont le choix de les payer cash, par crédit désing ou par le surplus de production. En ce qui concerne la prochaine récolte, le ministre dira que «nous attendons une bonne production en blé et moyenne en orge». Le ministre a insisté sur le renforcement des moyens technique, en appelant à la valorisation du produit orge. RUÉE DES TRADERS SUR L'ORGE ALGÉRIEN Interrogé sur la cherté de certains produits de large consommation, le ministre dira qu'il ne s'agit pas de manque de produit mais d'organisation du marché, précisant que progressivement, on fera en sorte que le marché se stabilise. Nourredine Kehal, directeur général de l'OAIC, a estimé, pour sa part, qu'en termes de qualité, l'orge algérienne est au-dessus des normes internationales. D'où, a-t-il noté, la ruée des traders. En effet, plusieurs dizaines de sociétés de négoce «nous ont fait des offres», a-t-il dit. En outre, M. Kehal a estimé nettement supérieurs à ceux de la bourse de Chicago les prix de vente réalisés. Par ailleurs, il a indiqué que chaque fois que «nous aurons conditionné la quantité suffisante, nous exporterons», avant de préciser qu'il est prévu d'augmenter la production de blé tendre pour baisser la facture d'importation. Le même responsable a souligné qu'en raison de sa qualité supérieure, l'essentiel de l'orge exportée est destinée à la consommation humaine. A noter que six cents agriculteurs, issus de quinze wilayas, ont participé à la collecte de l'orge destinée à l'exportation. De son côté, Nadia Hedjres, directrice de protection des végétaux et des contrôles techniques au niveau du ministère de l'Agriculture, a estimé que le contrôle de qualité phytosanitaire se fait afin qu'il n'y ait aucun organisme qui puisse avoir pour conséquence l'interception du produit au pays acquéreur. Elle a précisé que le contrôle se fait d'abord au niveau des wilayas puis au port, en rappelant que l'Algérie a signé la convention internationale de la protection des végétaux. La même voix a fait savoir qu'«il y a des normes pour lesquelles nous sommes obligés de nous consigner pour que notre produit ait une valeur commerciale et phytosanitaire acceptables». Enfin, elle a observé que les analyses effectuées ont montré que cette céréale répond aux normes internationales requises, en ce qui concerne notamment la teneur en eau et en protéine.