Que pouvez-vous nous dire sur la Fondation Jacques Berque ? Quel est son objectif ? Avant de disparaître, en juin 1995, Jacques Berque a émis le souhait de léguer une certaine partie de ses ouvrages à Frenda, une manière de manifester son attachement à sa ville natale et son amour à son pays, l'Algérie. Il voulait, sans nul doute, que son nom reste à jamais lié à son terroir. Son objectif est, certainement, de transmettre sa pensée à travers ses œuvres, lui qui a été toujours à l'écoute des sociétés maghrébines et particulièrement sensible aux mutations que connaît l'Algérie, son pays natal. Par ce geste généreux, Jacques Berque met à la disposition de l'Algérie un fonds documentaire appréciable. Pour l'acheminement de ces ouvrages, nous tenons à souligner le rôle déterminant de Mme Julia Berque, et de son fils Julien qui ont affronté tous les obstacles pour réaliser le vœu du défunt époux et père Dans quelles circonstances avez-vous connu Jacques Berque et que gardez-vous de lui comme souvenir ? Durant l'année 1982, Jacques Berque a effectué un voyage dans sa ville natale, c'est à ce moment-là que j'ai eu la bonne fortune de le rencontrer. Ensemble, nous avons visité la maison de son enfance. A cette époque, je préparais mon doctorat et je lui en fis part. Il me répondit qu'il était en retraite. Toutefois, il m'orienta vers Odette Petit, sa collaboratrice et professeur au collège de France, auteure d'une thèse de doctorat sur la ville de Laghouat. Bien que retenu par d'autres tâches beaucoup plus absorbantes, Jacques Berque se préoccupa du développement de ma thèse. Durant ces six années de responsabilité, je me suis attelé à faire connaître cet érudit auprès des étudiants et chercheurs venus sur les lieux pour consulter ses ouvrages. Mes fréquentes interventions, tant à la radio qu'à la télévision, à l'université de Tiaret, celle de Boudouaou ou à la bibliothèque nationale d'Alger ont été profitables. Elles ont grandement contribué à faire découvrir les œuvres de l'écrivain et à mener l'auditoire à apprécier le savoir encyclopédique de cet homme. Comment expliquez-vous que ses ouvrages soient indisponibles en Algérie, et plus particulièrement son essai de traduction du Coran ? Comme dans tous les pays, certains ouvrages sont mis à la disposition des lecteurs tandis que d'autres ne le sont pas. peut-être n'ont-ils pas été réédités. (* ) Mahmoudi Amar, docteur en linguistique et sciences du langage, chercheur en histoire, se souvient de Jacques Berque