Les actes racistes et antisémites ont atteint des niveaux « exceptionnels et inquiétants » en 2004, et n'ont jamais été aussi élevés depuis 1990, selon le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), remis lundi 21 mars au Premier ministre. Le nombre total des faits racistes et antisémites, violences et menaces confondues, a été en 2004 en progression de 132,5 % par rapport à 2003, passant de 833 à 1 565, et dépassant le pic atteint en 2002 (1 313). Le racisme antimaghrébin est passé de 232 violences et menaces en 2003 à 595 en 2004. Le rapport note que les agressions et les menaces visant les personnes d'origine maghrébine ou musulmane se sont multipliées. Cette haine « se nourrit de la confusion entre immigrés, Maghrébins, musulmans, islamistes, entre culture et religion », signale la Commission. La CNCDH fait remarquer que cet état des lieux ne prend pas en compte les discriminations à l'emploi, au logement, qui sont aussi des violences racistes. De nombreuses victimes ne signalent pas les violences qu'elles ont subies. Par ailleurs, SOS-Racisme critique, dans un rapport, le faible nombre de poursuites judiciaires dans les cas de discrimination à l'embauche et estime « ridicules » les peines d'amende prononcées. « Les procédures sont longues, on se heurte à beaucoup de résistance, à l'inaction de la justice, de l'inspection du travail », souligne Samuel David. Deux Français sur trois (67%) estiment qu'« une lutte vigoureuse contre le racisme est nécessaire en France », soit une hausse de trois points en un an et de huit points depuis 2002, selon un sondage BVA pour la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) et le gouvernement rendu public jeudi dernier. L'institut BVA constate notamment « la permanence d'un « traitement de défaveur » réservé aux Maghrébins par rapport à d'autres groupes ». La discrimination à l'embauche, au logement ou dans les boîtes de nuit est considérée « moins grave » quand elle touche les Maghrébins. Ainsi, 60% jugent par exemple « très grave » de refuser un logement à une personne noire, contre 48% dans le cas d'un Maghrébin.