L'inégalité dans l'attribution des aides financières destinées à l'habita rural, la crise aiguë de logement, le déficit en éclairage public et en eau potable dans les douars, le taux de chômage élevé parmi la population, la dégradation de cadre de vie et le non-affichage des délibérations relatives aux marchés publics sont parmi les causes qui ont fait sortir, dimanche et lundi derniers, la population de Mamounia, à 2 km de Mascara, dans la rue. Devant le siège de l'APC, la colère des citoyens était, durant deux jours, à son paroxysme. Des slogans hostiles aux autorités locales de Mamounia, à savoir «Yetnahaw gaa» (Qu'ils dégagent tous) et «La lil fassad» (Non à la corruption) ont été scandés, à plusieurs reprises, par les nombreux citoyens, hommes et femmes, venus des différents quartiers et autres douars de Mamounia. Ainsi, des banderoles en tissu blanc ont été brandis, sur lesquelles étaient écrits : «La lil hogra» (Non au mépris) et «La lilWououd al-kadiba» (Non aux promesses mensongères). En effet, la propagation de l'information de l'élaboration par le maire et ses élus de la liste des bénéficiaires des 20 aides financières destinées à l'habitat rural était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. «Cela fait quatre jours que les élus ont élaboré la liste des bénéficiaires des aides de l'habitat rural. Aujourd'hui, lundi, ils n'ont pas encore affiché la liste, comme stipule la réglementation», a relaté d'un ton énervé Benamar, père de deux enfants de la localité de Sidi Abdelkader Bendjebar. Les protestataires, sans exception, ont reproché aux élus de leur commune et à leur tête le maire, d'obédience FLN, «le favoritisme et le népotisme dans le choix des bénéficiaires des aides financières de l'habitat rural» et «la cession des biens publics à des tierces personnes à savoir une habitation sis à Sidi Abdelkader Bendjebar et autres caves à Mamounia-ville.» Un jeune homme habitant un bâti précaire au douar Ouled Kada, Daho en l'occurrence, qui dénonçait d'une manière aussi sévère l'absence de transparence dans la gestion des affaires de l'APC nous a déclaré en ces termes : «Parmi les bénéficiaires, des proches des élus et autres personnes qui n'ont même pas de lopins de terre, condition préalable exigée par la réglementation en vigueur.» Un autre, le dénommé Chettah, en nous montrant le reçu de dépôt de son dossier qui date depuis 2008, nous dira avec tristesse : «C'est injuste ! Cela fait onze ans que j'ai déposé un dossier de demande d'aide financière pour réaliser mon logement rural. Jeudi passé, les élus de notre triste localité établissent en catimini une liste dans laquelle mon nom ne figurait pas. Certains ont bénéficié alors qu'ils n'ont déposé leurs dossiers que récemment.» Les manifestants, avant de se disperser dans le calme vers 17h lundi dernier, ont lancé un appel au wali de Mascara, Derfouf Hadjri, pour ouvrir une enquête sur ce qu'ils ont qualifié d'«affaires de malversations» et de procéder au gel de la liste des bénéficiaires des aides financières destinées à l'habitat rural. «Mamounia walate mamlaka (Mamounia est devenue une monarchie). Maintenant ça suffit, il faut que ça change», nous lance un ancien patriote.