5 candidats comme 5e mandat de Boutef» ; «Je veux bien voter le 12 décembre, à condition d'avoir Bouteflika l'original, pas ses photocopies», «Vous avez le choix entre plusieurs parfums de Bouteflika : banane, fraise, chocolat, citron, orange Lèche et apprécie !» Ce sont là quelques réactions glanées sur les réseaux sociaux sitôt rendus publics les noms des 5 candidats à la présidentielle du 12 décembre retenus par l'ANIE (Autorité nationale indépendante des élections). Et on voit d'emblée que les usagers DZ des réseaux sociaux ne sont pas tendres avec les Tebboune, Benflis et compagnie. Il est même difficile de trouver des supporters de l'un ou l'autre des candidats tant le ressentiment est immense envers un scrutin qui présente, selon le hirak, tous les symptômes d'une énième élection «bidon» et aucune garantie de changement. «La logique même du système : 5 candidats dont deux Premiers ministres et trois ministres, tous de la issaba de Bouteflika. Un 5e mandat sans Bouteflika», résume Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, dans un commentaire posté sur sa page Facebook. Véritable laboratoire citoyen où sont concoctés les slogans qui seront scandés pendant les manifs et alimentant abondamment les messages rédigés sur les pancartes, les réseaux sociaux donnent souvent le ton, la température sociale. Ils anticipent ainsi sur le contenu politique des marches hebdomadaires. D'où l'intérêt d'y jeter un œil. Au demeurant, la démonstration du 1er Novembre, avec plusieurs millions de manifestants à la clé à travers le pays, ne laisse aucun doute sur le sentiment populaire quant au scrutin du 12 décembre et constitue une réponse «référendaire» on ne peut plus claire en exprimant un rejet massif de cette consultation. Autre indice qui est loin d'être anecdotique : l'incident vécu par M. Benflis ce samedi dans un restau à Baba Hassen, où il a été conspué par un groupe de citoyens. Ainsi, que ce soit dans la rue ou sur la Toile, les postulants à la magistrature suprême sont éconduits avec fracas, et on voit mal comment ils pourraient mener leur campagne. «Les 22 candidats ont réuni chacun (au moins) 50 000 signatures. Pourquoi on ne les voit pas sur le terrain ?» s'interroge un citoyen sur Twitter en évoquant les candidats à la candidature qui étaient au nombre de 22 avant que l'ANIE ne rende son verdict. De fait, s'ils se targuent d'avoir autant de soutiens, pourquoi se montrent-ils aussi discrets dans l'espace public ? Nous sommes à moins de deux mois de la tenue formelle du scrutin et il n'y a absolument rien qui indique que le pays est à la veille d'une élection présidentielle. C'est en soi un cinglant camouflet à une opération de normalisation très mal engagée. «On a truqué les candidats» Les réactions sur les réseaux sociaux ne se sont pas fait attendre. Les internautes n'ont pas manqué de dénoncer une fois de plus un pur changement cosmétique que résumerait cette formule-culte dans Le Guépard de Visconti : «Il faut que tout change pour que rien ne change.» Une affiche parodique qui circule montre les 5 candidats sous les dehors de simples clones de Abdelaziz Bouteflika. La même idée est déclinée à travers un hashtag en langue arabe sur Twitter qu'on pourrait traduire en ces termes : «Le 5e mandat avec l'un des 5 candidats.» Nassima, une facebookeuse aux positions tranchées, ne dit pas autre chose : «5 candidats pour ne pas dire 5e mandat !» écrit-elle. Certains internautes ont suggéré de lancer une campagne de «dégagisme» contre les «A» non sans rappeler celle qui visait auparavant les 3B, à savoir Bouteflika, Bensalah et Bedoui. Les 5A dont il est ici question réfèrent aux prénoms des candidats qui commencent tous effectivement par la lettre A : Ali (Benflis), Abdelaziz (Belaid), Abdelmadjid (Tebboune), Abdelkader (Bengrina), Azzeddine (Mihoubi). «Les B sont partis, ils sont remplacés par les A», poste un «hirakiste». Zoubida, une universitaire au verbe savoureux, assène avec humour : «On voulait se débarrasser des 3B. Maintenant c'est au tour des 5A ! On ne va pas se faire tout «l'alphabêt'e» de foire de Boutef !!» Autre image : les 5 candidats ont fatalement rappelé à plusieurs commentateurs du web les «5 doigts de la même main», comme l'écrit un «twitto». Un facebookiste abonde dans le même sens : «Cinq doigts d'une même main qui a volé l'Algérie.» Un sentiment qui a inspiré à un obscur opposant qui ne manque pas d'imagination ce détournement patronymique féroce : «Liste des candidats : Ben Fliqa, Tebbouniqa, Belfliqa, Bengriqa, Mihoubiqa.» Sur un ton aussi léger, un autre usager de Twitter écrit : «Ils ont dit on ne fraudera pas cette fois, choisis celui que tu veux. On a truqué les candidats.» Dans un registre moins joyeux, un internaute se fend de ce message : «Choisir entre les 5 candidats, c'est comme choisir entre périr par l'eau ou le feu, ou bien pendu… La finalité est la même.» Une dernière pépite pour la route : un montage satirique montrant Tebboune murmurant dans l'oreille de Sellal : «Après le 12 décembre, je serai Président et tu passeras le réveillon avec ta fille à Londres.» Et Sellal qui rétorque : «Et on dira aux faqaqir : »Vous avez participé à une caméra cachée. »» Pas mal !