L'on est, bien sûr, encore loin des campagnes numériques – qui ont joué un rôle important, notamment dans l'élection de Barack Obama –, mais il reste que de nombreux candidats à l'élection d'avril 2014 ont investi le web pour se faire connaître et présenter leur programme. L'homme qu'on voit partout sur facebook est Ali Benflis. Ses comités de soutien ont inondé le célèbre réseau social de pages et de groupes appuyant sa candidature. L'on peut citer entre autres pages : «La jeunesse avec Ali Benflis», «La communauté algérienne à Tunis pour Benflis», «Ali Benflis notre Président», «Ensemble pour le soutien du candidat de l'élite et des jeunes Ali Benflis», «La coordination de soutien à Ali Benflis dans la wilaya de Sétif», «La coordination nationale de soutien au programme de Ali Benflis aux présidentielles 2014», «Ensemble pour le développement, le changement radical et la défense des droits des jeunes»… Sur la page facebook officielle de son comité de soutien, suivie par plus de 7000 internautes, on y voit Benflis levant les mains au ciel, priant pour «la sécurité du pays». Plusieurs photos de Ali Benflis portant l'inscription «Le pouvoir aux jeunes» – si tant est qu'on considère qu'il fait partie de cette catégorie – «l'homme du changement» ou «notre candidat» font florès. On y relève souvent un manque de goût, des images très kitsch et un certain amateurisme dans les choix des mots et des couleurs. Sur l'un des sites de soutien à la candidature de Benflis, par exemple, les jeunes designers ont choisi de mettre des photos de leur candidat entouré de bulles multicolores. Pour autant, cela ne semble pas rebuter les internautes, puisque le site a enregistré un total de 30 000 visites. «Désormais, avec Ali Benflis, ce sont 36 millions de cerveaux algériens qui fonctionneront et 72 millions de bras de ce valeureux peuple qui travailleront pour le développement de notre pays dans la justice et l'équité», écrit le gestionnaire du site. Etant donné que Ali Benflis n'a pas encore officialisé sa candidature, il n'est pas possible de consulter son programme présidentiel. Nekkaz superstar La star des réseaux sociaux reste incontestablement Rachid Nekkaz, suivi par plus de 41 000 internautes. Le candidat inclassable de cette campagne lance, chaque jour, une idée faisant partie de son programme et il répond lui-même aux questions des internautes. «Ma mère n'a jamais été à l'école. Je vis dans un douar, ne l'oubliez pas !», ne cesse-t-il de répéter. Il propose ainsi de baisser le nombre de députés à 96 (au lieu de 462 actuellement), voter une loi-cadre qui consacre 20% des revenus du pétrole et du gaz au développement des villes du Sud algérien délaissées, diviser le budget du ministère des Moudjahidine par 3 en 5 ans pour investir dans l'école technologique, rendre obligatoire la création de syndics dans tous les immeubles des villes algériennes de façon à stopper leur dégradation, la suppression du service militaire, doubler les visas pour les jeunes Algériens… On y trouve également une pétition pour réunir «75 000 signatures pour le changement en Algérie». Le ton utilisé par le golden boy dans sa page facebook semble plaire aux internautes, d'autant qu'il donne l'air de lever des tabous. Sa biographie, publiée sur son site officiel, le présente comme quelqu'un qui «ne cherche pas à gagner de l'argent sur le dos des Algériens». «Il s'engage même à supprimer le salaire du président de la République pour servir l'Algérie et les Algériens avec “niyya wa el galb”, peut-on y lire. Les photos, à travers lesquelles il semble promener son allure de dandy dans plusieurs régions du pays, sont très commentées sur internet. Son site fait la part belle à une compilation d'articles liés à son engagement à payer les amendes des femmes intégralement voilées en France, son soutien à Amira, jeune Soudanaise ayant refusé de mettre le voile ainsi que des communiqués traitant de la déchéance de la nationalité française. Soufiane Djilali est l'autre candidat assez présent sur la Toile. Il est ainsi possible de télécharger sur son blog – sobre avec un très bon choix de photos – son ouvrage L'Algérie en question. Sa page facebook, dans laquelle il poste un carnet photos de déplacements, quelques citations et articles de presse, est suivie par plus de 8500 internautes. Le candidat de Jil Jadid privilégie la vidéo pour faire passer ses messages. Son parti est suivi par plus de 25 000 utilisateurs. Le candidat Ahmed Benbitour se fait plus discret sur la Toile. Il est, certes, possible de télécharger son programme complet sur son site officiel, mais il n'y a pas de lien avec l'internaute. Sa page facebook n'a pas été alimentée depuis le 29 mai dernier. Ex-ministre algérien du Trésor et candidat à la présidentielle d'avril, Ali Benouari, financier algéro-suisse, se contente – pour l'heure – d'un site internet (benouari.ch) qui reprend les articles ayant annoncé sa candidature. On peut y consulter ses contributions au sujet de la finance en Suisse ou la baisse du franc suisse. De son côté, Kamel Benkoussa, économiste, alimente régulièrement un site internet en arabe et en français dans lequel il se présente en tant qu'«Algérien, contributeur régulier dans les médias nationaux et internationaux sur les questions politiques, économiques et sur les problématiques sociales de l'Algérie, ayant la conviction que le XXIe siècle sera marqué par l'émergence de grandes démocraties en Afrique et que l'Algérie en sera un acteur majeur». D'autres noms, moins connus, peuvent apparaître sur le moteur de recherche des candidats à la présidentielle de 2014. L'internaute attentif peut ainsi découvrir la page Mourad Boukhelifa, expert en management et informatique, candidat à l'élection présidentielle, suivi par plus de 1100 internautes. «Notre pays a besoin d'un changement profond de son système de valeurs, écrit le candidat potentiel. Le travail, l'excellence, la perfection, la qualité de vie doivent s'imposer devant les pratiques basées sur le clientélisme, le passe-droit, l'enrichissement sans cause. Notre devoir c'est de produire un Algérien des temps modernes, un Algérien en bonne santé, qui respecte l'effort, intelligent, ouvert sur le monde, un homme de paix et de valeurs nobles.» Lui aussi se montre à la disposition des internautes, apportant des éclairages sur ses propositions. Ses axes de réflexion sont téléchargeables dans le groupe «L'Algérie du bon sens et de la bonne foi». Il n'y a, en revanche, nulle trace des propositions du candidat Yasmina Khadra. Son site officiel se limite à son actualité littéraire. Abdelaziz Bouteflika, candidat probable, est, lui aussi, absent de la Toile. Le comité de soutien au président Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat compte 34 membres contre plus de 5000 utilisateurs opposés à une représentation du président algérien à l'élection présidentielle de 2014.