Le 32e vendredi de mobilisation contre le système et ses "résidus" à Bouira a été marqué par une affluence record. Des milliers de citoyens ont marché, hier, pour dire "non à l'élection" du 12 décembre prochain et surtout réitérer leur revendication : le départ de tout le système. Les deux candidats à la présidentielle, Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune, ont été brocardés par les manifestants. En effet, les protestataires ont dénoncé l'intention des deux hommes de se présenter à un scrutin que le peuple rejette. D'ailleurs, des slogans tels que "Benflis et Tebboune à la poubelle", "Ni Benflis ni Tebboune, le peuple président" ou encore "Benflis et Tebboune garants du système" ont été scandés. "Ali Benflis m'a vraiment déçu, et la sympathie que j'avais pour lui s'est évanouie (…) Tout un peuple rejette cette élection de la honte et lui se range du côté du système. C'est pathétique !" affirme Yahia Semmache, coordinateur du mouvement citoyen d'Ath Laqser. Abdelmadjid Tebboune a, quant à lui, été "épinglé" par les manifestants, qui l'accusent d'avoir "servi" sous l'ancien régime. "C'est ce même Tebboune qui se pose en victime aujourd'hui qui faisait l'éloge de Bouteflika et du 5e mandat. Mais de qui se moque-t-on ?" fera remarquer Brahim Cherfaoui, enseignant. Pour les manifestants d'hier, l'entêtement du pouvoir à aller vers cette élection mènera le pays vers le chaos. "Notre mobilisation n'est pas près de s'estomper et notre pacifisme est notre seul arme (…) Le pouvoir doit écouter le peuple, sinon on risque une escalade que personne ne souhaite pour l'avenir de notre pays", dira Hocine Ladjel, militant des droits de l'Homme. La réincarcération de Karim Tabbou, 48h après sa libération, a été également commentée par les marcheurs. "Où est l'indépendance de la justice ? Comment se fait-il qu'un juge libère Tabbou et 48h après un autre le met en prison ?" déplore un manifestant, tenant une pancarte où il y avait écrit "Libérez Karim Tabbou, libérez la justice." D'autres participants, à l'instar de Meziane Chaâbane, élu RCD à l'APW de Bouira, ont clairement mis en exergue le caractère "injuste" et "arbitraire" de ces incarcérations. À 15h30, les marcheurs ont observé une minute de silence à la mémoire des huit nourrissons morts dans le drame d'El-Oued, sur l'esplanade de la Maison de la culture. RAMDANE BOURAHLA