La situation est devenue hors de contrôle. Les violences éthniques ont fait 50 morts. La présidente par intérim du Kirghizistan, Rosa Otounbaïeva, a appelé, hier, la Russie à lui fournir une assistance militaire afin de résoudre les violences ethniques qui ont fait plus de 50 morts dans le sud du pays, où la situation est « hors de contrôle ». « J'ai signé une lettre adressée au président (russe) Dmitri Medvedev, lui demandant d'envoyer des forces au Kirghizistan », a déclaré Mme Otounbaïeva lors d'une allocution télévisée. « Depuis vendredi, la situation est devenue hors de contrôle. Nous avons besoin de forces militaires extérieures pour ramener la situation sous contrôle. C'est pour cette raison que nous avons appelé la Russie à l'aide », a-t-elle dit. Les violences ethniques se sont en effet poursuivies hier, alors que le bilan des affrontements dans le sud du pays est passé à 50 morts malgré l'état d'urgence et un couvre-feu décrétés par le gouvernement provisoire kirghiz dans la ville d'Och et les districts voisins. « Les échanges de tirs se poursuivent, on peut les entendre partout, plusieurs immeubles sont en flammes, les gens sont effrayés », a déclaré à la télévision nationale un responsable du gouvernement provisoire, Azimbek Beknazarov, qui s'est rendu dans la région, en qualifiant la situation de « très difficile ». Les autorités ont déclaré, vendredi soir, craindre une détérioration de la situation à Och, la présidente Rosa Otounbaïeva, ayant jugé « indispensable » d'y envoyer des médecins et des renforts pour « maintenir l'ordre ». Selon la télévision d'Etat, le gouvernement central a repris hier le contrôle du centre-ville d'Och, mais des coups de feu ont été entendus dans des quartiers périphériques de la ville à majorité ouzbek. Des affrontements, ponctués d'échanges de tirs, entre des groupes de jeunes ouzbeks et kirghizs, ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi et s'étaient poursuivis dans la journée à Och et dans des districts voisins. Par ailleurs, des centaines de manifestants, souhaitant se rendre à Och, se sont rassemblés vendredi soir dans le centre de Bichkek, près des locaux de la télévision nationale, en réclamant qu'on leur donne la parole. Selon l'agence Kabar, d'autres groupes de manifestants ont attaqué des automobilistes à Bichkek, en s'emparant de leurs voitures pour se rendre à Och. L'organisation de défense des droits de l'homme, Human rights watch (HRW), basée à New York, a appelé la communauté internationale à soutenir le gouvernement du Kirghizistan afin d'empêcher que les troubles ethniques ne dégénèrent. « Il n'y a pas de temps à perdre », a lancé Andrea Berg, chargée de l'Asie centrale à HRW depuis Och. « Il y a de nombreux blessés dans les quartiers mahallas (ouzbeks) d'Och. Leur nombre pourrait atteindre plusieurs milliers », a-t-elle précisé dans un communiqué. La stabilité du Kirghizistan est primordiale, notamment pour la Russie et les Etats-Unis qui y disposent de bases militaires, dont une essentielle au déploiement des troupes américaines en Afghanistan.