La cératite, une phytopathologie discrète mais ravageuse, s'invite en cette période d'automne dans les vergers de la vallée de la Soummam. La mouche méditerranéenne en est l'agent pathogène. Cet insecte diptère et trapu, dont on ne soupçonne pas toujours la présence, s'attaque aux agrumes pour accomplir son cycle biologique. A travers les localités de la Soummam, l'intrusion de ce ravageur est signalée dans pratiquement tous les vergers agrumicoles, avec des atteintes contrastées. «Depuis que le ton de mes oranges a commencé à virer au jaune, des traces de piqûres sur les fruits se sont fait jour. Les dessous des charpentières sont remplis de fruits rabougris et immatures», révèle un citoyen d'Ouzellaguen, propriétaire d'un verger d'agrumes. Exploitant un parcours agrumicole d'une dizaine d'hectares, planté de plusieurs variétés, un agriculteur de Semaoun, sur la rive droite de la Soummam, avoue avoir été pris de court par la rapidité et l'ampleur de l'infestation. Il fait état d'une attaque généralisée. «Toutes les espèces sont touchées, avec une nette prévalence des orangers par rapport aux mandariniers et citronniers, infestés dans une moindre mesure», souligne-t-il. La mouche à olive opère opportunément au stade de véraison des agrumes, qu'elle pique pour y pondre ses œufs. L'attaque est trahie par la présence sur la peau des fruits d'une multitude de points d'inoculation. L'éclosion des œufs signe le point de départ de l'infestation larvaire. Les parasites se développent au détriment de la pulpe. Les fruits, dont la croissance est ainsi perturbée, finissent par se détacher de leurs pédoncules. «La chute prématurée des fruits se fait, chaque semaine, plus massive. Le bilan s'annonce aussi calamiteux que celui de l'année dernière, au cours de laquelle j'ai perdu près du tiers de ma récolte», confie un paysan d'Akbou. Gérant une exploitation non loin du lit de la Soummam, un autre fellah de Timezrit suppute un manque à gagner tout aussi important, eu égard à une atteinte qui franchit, selon lui, le seuil de nuisibilité. «La situation n'augure rien de bon. Le taux d'avortements inspire beaucoup d'inquiétude. Les contours d'une moisson au ras des pâquerettes commencent à s'esquisser», anticipe-t-il, désenchanté. Pourtant, des traitements à base d'insecticides et d'attractifs alimentaires sont disponibles sur le marché local, informe-t-on. Mais encore faut-il appréhender l'impacte de ce ravageur sur les récoltes et organiser la riposte en temps opportun. Ce qui ne semble pas être le cas. «Tant que des bulletins d'alerte et d'avertissement ne sont pas émis par les instances de veille phytosanitaire, il n'y a pas de quoi s'alarmer», rassure le responsable d'une subdivision de l'agriculture de la Soummam. «La présence de la cératite dans les vergers est un fait avérée, mais les atteintes restent sporadiques et très limitées, n'inspirant aucune inquiétude», minimise-t-il.