Dimanche soir, les Verts ont poussé un grand ouf de soulagement au coup de sifflet final de l'arbitre égyptien. Ils venaient enfin d'obtenir cette victoire derrière laquelle ils couraient depuis plus d'une année. La dernière dont ils avaient goûté aux délices du succès remonte au 29 janvier 2004 contre l'Egypte lors de la CAN 2004 en Tunisie. Depuis, ils n'avaient plus engrangé une victoire en compétition officielle. Durant quatorze mois, ils ont galéré et la sélection a « consommé » trois staffs. Le trio Saâdane-Charef-Cheradi a été remplacé par le duo Waseige-Cheradi qui n'a pas survécu au naufrage de Annaba (0-3 contre le Gabon). Ali Fergani est arrivé aux commandes de la sélection avant le match aller contre le Rwanda à Kigali (1-1). Le coach actuel des Verts peut se targuer d'avoir récolté quatre points, sur les six possibles, de la double confrontation face au Rwanda. Au plan comptable, le mini-bilan de Fergani est positif. En deux matches, il a obtenu plus que ce que Robert Waseige a ramassé en cinq rendez-vous. La courte mais précieuse victoire de dimanche soir ne doit pas occulter la chose suivante : l'équipe nationale n'a pas montré grand-chose dans le jeu. Sans reproches, sur le plan de la volonté et de la combativité, les Verts ont, une fois de plus, laissé leurs supporters sur leur faim au niveau de la prestation technique. Le succès a été arraché dans la douleur face à un adversaire qui est loin d'être une terreur continentale. L'équipe nationale a joué par intermittence. Il y a eu des périodes, malheureusement très courtes, où elle a emballé le jeu avant de retomber rapidement dans ses habituels travers. Il est clair que les joueurs n'évoluent pas avec un taux de confiance élevé pour des considérations liées justement à cette traversée du désert qui a duré presque un an et demi. Quelques heures après la fin de la rencontre, le directeur technique national (DTN), Meziane Ighil disait : « Il ne faut pas être trop exigeant avec cette équipe. Elle a été traumatisée par la longue série de contre-performances concédées depuis plus d'une année. » Les joueurs évoluent avec la peur au ventre. Ce soir, ils n'avaient qu'un seul objectif en tête : Gagner ! Ils l'ont fait. Ne leur demandons pas trop. Ce soir, une lueur brillait dans leurs yeux. Ils se regardaient en se disant : « Nous pouvons gagner un match ». « J'espère que la victoire va provoquer le déclic que tout le monde attend depuis des mois », affirme le patron technique des sélections. Faut-il faire la fine bouche sur ce succès étriqué ? De toute façon dans le contexte actuel, l'équipe nationale ne peut faire mieux. Le problème dépasse le cadre des joueurs et de l'encadrement technique. Il est plus profond et renvoie à la triste réalité de ce qu'est devenu le ballon rond chez-nous. Aujourd'hui, l'Algérie n'est pas plus forte que le Gabon et le Rwanda. Ceux qui s'accrochent à cette idée ne veulent pas admettre la triste réalité. Le salut passe par la patience, le travail sérieux et à long terme, à tous les niveaux, l'investissement sur les jeunes. En fait, ce ne serait pas une si mauvaise chose que les Verts ratent le train pour l'Egypte 2006. Cela aura au moins le mérite de réveiller ceux qui dorment les yeux ouverts. Le football algérien dans sa configuration actuelle est dépassé. La victoire in extremis face au Rwanda n'a fait que reculer, un tout petit peu, une échéance immédiate qui ne porte pas les signes d'un renouveau.