Dans l'absolu, la route en Algérie tue peut-être autant, sinon plus que les maladies. Que l'on en juge : pour la seule journée de samedi dernier, pas moins de 10 personnes ont trouvé la mort et 21 autres ont été blessées dans des accidents de la route survenus dans différentes régions du pays. Aucune wilaya n'est épargnée par cette hécatombe dont on pensait, à tort, qu'elle ne touchait que les grandes métropoles urbaines et les grandes voies à circulation rapide. Des wilayas peu peuplées par rapport aux villes du Nord, à l'instar de Tamanrasset, Ouargla, Illizi où le parc roulant est loin d'être saturé, rapporté au nombre d'habitants et à l'étendue géographique de ces régions, rallongent la liste des wilayas qui alimentent quasi quotidiennement les statistiques tragiques des victimes des accidents de la route. Les nouvelles dispositions introduites dans le code de la route criminalisant certaines infractions et mettant fin à la permissivité, au laxisme et à l'impunité qui caractérisaient l'ancien code de la route n'auront pas permis d'endiguer ce fléau, même si les statistiques sont là pour confirmer que le nombre des décès et des blessés des accidents de la circulation a sensiblement diminué depuis la mise en œuvre de la nouvelle réglementation. Certes, la politique du tout répressif qui caractérise le nouveau code de la route qui traque et sanctionne sévèrement la moindre infraction des automobilistes, non sans quelques injustices parfois, a induit, à l'évidence, des comportements plus conventionnels qui s'expliquent, néanmoins, beaucoup plus par la hantise du retrait du permis de conduire que par un soudain regain de civisme sur nos routes. On le voit quotidiennement sur nos routes : c'est la vue de l'uniforme du policier et la crainte d'être verbalisé qui imposent le respect du code de la route. Dès le barrage de police franchi, les fous du volant reprennent leurs jeux de rodéo mortels sur les routes, mettant en situation de danger permanent la vie des citoyens. Ceci pour dire que le respect du code de la route et de la vie d'autrui ne peut pas provenir uniquement du policier et du gendarme qui ne sont qu'un maillon – le dernier – de la chaîne du dispositif de sensibilisation et de lutte contre les dépassements du code de la route. Ce niveau de mobilisation et d'alerte des services de sécurité ne semble pas avoir gagné les autres secteurs parties prenantes dans ce défi que s'est imposé l'Algérie de sécuriser nos routes et leurs usagers. En dépit de l'interdiction formelle de l'importation et de la commercialisation de pièces de rechange contrefaites et des pièces usagées, ce marché demeure encore florissant et très sollicité. Le certificat de conformité des centres de contrôle technique, dont on pensait qu'il allait naturellement envoyer à la casse une bonne partie de notre parc automobile vieillissant, s'est révélé n'être qu'une simple formalité administrative quand on voit tous ces véhicules d'un autre âge sillonnant nos routes. Ceci sans parler de l'état de nos rues et routes, de la signalisation, de l'éclairage, de la configuration des tracés routiers avec des virages en épingle à cheveux, véritables sanctuaires de la mort, ainsi que de la formation et de la délivrance du permis de conduire qui gagneraient également à se mettre à niveau.