Le gouvernement ne cédera pas sur l'affaire des transactions illégales du foncier agricole. L'enquête sur la question sera menée à terme et les personnes impliquées seront sévèrement punies. « J'ai confiance en notre justice », a déclaré le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, en marge de la conférence débat sur le développement de l'agriculture et le rôle des engrais, organisée, hier, par le Conseil de la nation (Sénat). Sans donner plus de précisions sur les résultats de l'enquête, le ministre s'est contenté de dire que son département continue de recevoir les statistiques provenant des diverses wilayas. Pour lui, « la fièvre médiatique » ayant accompagné cette affaire était plus bénéfique dans la mesure où elle a contribué à tirer la sonnette d'alarme sur « une question d'extrême importance » pour la relance et le développement de l'économie nationale. « Maintenant que le problème est devenu un secret de Polichinelle, a-t-il dit, il ne reste que l'application de la loi. » « La cession du droit de jouissance perpétuelle des exploitations agricoles, collectives et individuelles a ses conditions. Les terres agricoles ne devaient pas être déviées de leur vocation agricole et la loi 89-19 est on ne peut plus claire », a-t-il rappelé. Soulignant qu'actuellement 70% des terres destinées à l'agriculture relèvent du domaine privé et 30% seulement relèvent de l'Etat, M. Barkat a affirmé que 126 000 ha de ces terres sont devenus des zones urbanisées. L'urbanisation des terres agricoles a irrité le ministre. Aussi a-t-il annoncé qu'un projet de loi relatif aux terres agricoles est déjà sur le bureau du chef du gouvernement. Ce projet, qui semble avoir pris du retard dans son élaboration, devra mettre un terme aux pratiques frauduleuses qu'a connues le foncier agricole en Algérie. Revenant sur l'appréhension soulevée et concernant la non-subvention par l'Etat de l'agriculture après la mise en œuvre de l'accord signé avec l'Union européenne, le ministre a tenu à tranquilliser les sénateurs. Il a déclaré que l'Algérie subventionne l'agriculture à hauteur de 7%, alors que dans les pays européens le soutien à l'agriculteur dépasse les 60%. « Le plus important, ce n'est pas le soutien des produits, mais il faut soutenir les investissements », a-t-il lancé. Dans son allocution sur le plan national de développement agricole, le ministre a loué les résultats réalisés jusque-là. Faisant une rétrospective de la politique adoptée depuis 2000 dans le domaine, M. Barkat a déclaré qu'elle a permis l'exploitation réelle de 3 millions d'hectares et le doublement de la production. « Cette dernière est passée de 20 millions de quintaux avant 2000 à 40 millions de quintaux en 2004 », a-t-il précisé. Le ministre a mis l'accent, par ailleurs, sur l'importance de la préservation de terres agricoles et l'eau comme principaux outils de production. « Il ne faut pas abuser des fertilisants dégradant la terre. Il faut penser à un mode de production écologiquement durable, économiquement rentable et socialement acceptable », a-t-il souligné. Et d'ajouter : « Il faut privilégier la production biologique et contribuer ainsi à sauvegarder les terres agricoles. » Selon lui, l'Etat a réussi, par cette politique, à orienter les citoyens vers l'agriculture. Une politique qui a permis d'ailleurs la création de 822 000 postes d'emploi, dont 356 000 permanents. Les résultats annoncés avec satisfaction par le ministre ont été critiqués par Patrick Heffer, secrétaire général de l'association internationale de l'industrie des fertilisants (IFA). Se référant aux statistique de la FAO, le responsable de l'IFA a relevé que l'Algérie reste en dessous de la moyenne mondiale en matière de production des céréales. Selon lui, cette faible croissance enregistrée durant ces dernières décennies trouve son explication dans la faible utilisation des fertilisants et le faible taux de terres irriguées. La superficie de terres irriguées, selon le ministre, est de 720 000 ha.