Sur quatre années, l'Etat a consenti 94 milliards de dinars comme soutien à l'investissement. “Seize mille hectares ont été détournés de leur vocation agricole depuis 1962”, a souligné hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, lors d'une conférence de presse tenue en marge de la réunion des cadres du secteur de l'agriculture pour l'évaluation de l'état de mise en œuvre du Plan national de développement agricole et rural (PNDAR). M. Saïd Barkat, revenant sur le foncier agricole qu'il considère comme un sujet récurrent, souligne que le dossier est au niveau du gouvernement. Mais, précise-t-il, concernant le statut des terres, le président de la République a déjà tranché la question en optant pour la concession. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural estime que la vente des terres agricoles est une opération illégale. Du coup, la loi sera appliquée “dans toute sa rigueur” à ceux qui ont procédé à ce type de transaction. Le ministre va encore plus loin. Dans le cadre de la loi d'orientation agricole, l'Etat aura un droit de regard même sur les terres privées pour éviter le morcellement qui gêne le développement d'une agriculture moderne. Le PNDRA, selon les chiffres communiqués par le département, semble enregistrer des résultats satisfaisants. 822 000 emplois cumulés ont été créés. La superficie mise en valeur cumulée au 4e trimestre 2004 avoisine les 427 000 hectares. Depuis 1999, affirme M. Barkat, le verger national a presque doublé. Sur quatre années, l'Etat a consenti 94 milliards de dinars comme soutien à l'investissement. Ajouter à cela les différentes primes et autres bonifications de taux d'intérêt accordées aux agriculteurs et autres intervenants dans le secteur. Ce montant peut apparaître faramineux, mais par rapport à ce qui se fait ailleurs, il est infiniment bas. 2005, l'année de la filière lait Pour le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, l'année 2005 sera consacrée essentiellement au développement de la filière lait. “Le lait au même titre que les céréales sont les deux produits qui pèsent beaucoup dans la facture alimentaire, et il est grand temps d'y remédier”, souligne Saïd Barkat. L'Algérie importe annuellement près de 600 millions de dollars de lait et sa consommation annuelle est estimée à trois milliards de litres, alors que la production nationale ne dépasse pas 2 milliards de litres par an. Le ministre s'est félicité de l'entrée du privé dans la production laitière et a relevé qu'à ce jour, malgré les 500 petites entreprises privées activant dans ce secteur, le niveau de la collecte reste, a-t-il dit, “le maillon faible de la chaîne”. Il s'est également réjoui des premières opérations d'exportation de produits dérivés du lait vers des pays du Maghreb et, dans une moindre mesure, vers l'Europe. Selon M. Barkat, 540 tonnes de produits laitiers ont été exportées en 2004. Le ministre a annoncé que près de 37 000 génisses pleines ont été importées en 2004, ce qui constitue, selon lui, un record. Abordant la lutte contre le criquet pèlerin, le ministre a indiqué que les équipes spécialisées ont traité une superficie totale de 1,6 million d'hectares infestés par les criquets pèlerins depuis le début de l'année en territoire algérien. Se montrant néanmoins rassurant, M. Barkat a affirmé que des moyens “gigantesques” étaient actuellement mobilisés pour parer à ce danger et permettent, selon lui, de traiter au moins 300 000 ha par jour. M. R.