L'affaire du foncier agricole dont l'enquête diligentée par la gendarmerie sur instruction de la cour a été menée à son terme. La justice à Blida ne chôme pas en ce début d'été en ouvrant un second volet tout aussi brûlant que celui des factures gonflées et des marchés juteux. Il s'agit, cette fois-ci, de l'affaire du foncier agricole dont l'enquête diligentée par la gendarmerie sur instruction de la cour a été menée à son terme et risque de faire tomber de gros bonnets. Déjà, la première audition a fait une première victime. Il s'agit du patron des boissons Jutop qui a été entendu, jeudi, par le juge d'instruction et écroué pour motif de détournement de biens et de foncier agricole, destruction d'arbres fruitiers et de faux et usage de faux sur documents authentiques. Cet industriel a bénéficié de l'achat en 2003, dans des conditions douteuses, de trois hectares appartenant à une exploitation agricole individuelle (EAI) pour être ensuite transformés en un terrain à vocation industrielle. Depuis, deux grands complexes ont été installés à proximité de l'autoroute Est-Ouest, l'un déjà opérationnel pour la production de jus, et l'autre dont l'inauguration est proche pour la production du lait et ses dérivés. Cette transaction impliquait treize autres personnes qui doivent être également entendues par la justice. L'on cite l'ex-directeur des Domaines, l'ancien directeur de l'agriculture, le président de l'APC de Boufarik, le Duch de Blida, ainsi que neuf cadres de l'exécutif de la wilaya. La prochaine audition est prévue pour mardi. La justice avait décidé, au début du printemps, de faire toute la lumière sur les transactions touchant aux détournements des terres agricoles appartenant aux EAC dans la Mitidja, ravagée par le béton. De grands complexes industriels impliquant des investissements importants ont été installés ou en cours de l'être grâce à des crédits obtenus avec facilité. Ce qui implique qu'un train en cache un autre. Pourquoi les banques ont-elles accordé des crédits à des auteurs de détournements de terrains agricoles. La raison est qu'elles ne savaient pas. Maintenant, elles vont devoir le connaître à leurs dépens. Quelles garanties auront-elles si les terrains détournés sont l'objet de saisies? Avec l'éclatement de cette affaire, les banques risquent, à leur tour, d'être des victimes toutes indiquées. Que deviendra l'argent engagé et quel sort auront les usines et complexes construits avec le personnel et travailleurs employés. L'exemple le plus frappant est de celui de Hadji où, du jour au lendemain, son chantier situé à Beni Mered est stoppé net. « Si les banques retirent par exemple leur argent à un industriel connu, lui aussi, impliqué dans une affaire du foncier, il ne lui restera plus aucun centime», note un banquier pour montrer la fragilité de la situation. L'ouverture de l'audition avec une ferme volonté de traiter convenablement l'affaire du foncier apporte ainsi un démenti catégorique à certaines rumeurs colportées, selon lesquelles des «sphères influentes» auraient pesé de tout leur poids pour la faire avorter. Il n'en est point question. Les jours qui viennent vont apporter davantage d'éclairage pour mettre à bas la corruption, seule façon de rendre la crédibilité de l'administration et de la justice, d'encourager les plus méritants parmi les investisseurs et les industriels et de contribuer à améliorer l'image de marque vis-à-vis de nos partenaires étrangers. L'annonce de l'ouverture de l'enquête sur le foncier avait été faite, rappelle-t-on, conjointement par le procureur général, M.Sahel Hamid, et le président Touati Seddik pour déterminer avec précision les transgressions de la loi en soulignant que «tout dépassement sera sanctionné et les terres récupérées. Ces terres qui appartiennent à l'Etat ont été attribuées pour l'exploitation agricole et non pour être vendues ou bradées».