Pas moins de 5000 dossiers émanant des personnes touchées par ce qui est qualifié de « tragédie nationale » ont déjà atterri chez la Commission nationale de l'amnistie générale (CNAG). Tel est le chiffre communiqué, hier, par Abderrezak Smaïl, président de la CNAG, lors d'une conférence de presse au siège de son parti, le PRA, à Alger. Il a souligné que « la plupart des auteurs de ces dossiers demandent des solutions sociales et une indemnisation ». Il s'agit, selon lui, de 32 cas demandant la réintégration dans leurs fonctions d'enseignant occupées auparavant, de 220 incarcérés à tort et de 232 repentis revendiquant leur réinsertion sociale. Mais également, a-t-il ajouté, de 102 cas d'homicide volontaire, de 2095 personnes qui demandent que les autorités leur rendent leurs fusils de chasse, de 2253 cas qui se disent être victimes de vol, d'incendie et de spoliation de leurs biens, mais également de 64 cas de disparition. Ces dossiers, qui datent de la période 1994-99, précise M. Smaïl, vont être étudiés par la commission qu'il chapeaute avant d'être soumis aux autorités en attendant la tenue du référendum sur l'amnistie générale. Parmi les demandeurs d'une solution sociale pour leur cas figure une vingtaine d'anciens émirs terroristes. Sans doute, car dans la salle où s'est tenue la conférence de presse se trouvent cinq anciens émirs. L'un d'eux n'est que l'ancien émir de katibat el maout (Chlef) répondant au nom de Mohamed Makhdouma. Celui-ci s'est levé pour demander une seule chose : sa dignité. Ce dernier ajoute après un bref silence : « Si vous voyez que l'Algérie peut connaître la paix sans nous, tuez-nous. » Pour Abderrezak Smaïl, il faut que les Algériens pardonnent. Rejetant l'idée de vainqueurs ou de vaincus, M. Smaïl estime que ces personnes ont le droit à une vie sociale digne. Il évoquera également le cas de treize dossiers de moudjahidine de la guerre de Libération nationale qui demandent qu'on étudie leur cas. Selon des sources informées, certains terroristes du Groupe salafiste pour la prédiction et le combat (GSPC) auraient sollicité la Commission nationale de l'amnistie générale afin de bénéficier de ces mesures.