La Cnag, qui a acquis une grande crédibilité auprès des institutions de la République, est-elle en train de brûler ses vaisseaux ? La crise latente, qui secouait la Cnag (Commission nationale pour l'amnistie générale), vient désormais d'éclater au grand jour. Son président, Abderrezak Smaïl, joint hier par téléphone, a souhaité réduire l'importance de ce conflit interne. Il n'empêche qu'il a lui même admis que «le fait qu'il ait été fait étalage de ces questions dans des journaux à large diffusion porte un coup à la Cnag qui, pourtant, commençait à jouir d'une très grande crédibilité auprès des institutions algériennes, des capitales mondiales dont les avis comptent et des ONG». La Cnag, en pleine crise de croissance donc, est en train de traverser une zone de turbulences déterminante pour son avenir. Abderrezak Smaïl, qui indique maîtriser parfaitement la situation, souligne que «ces déclarations intempestives sont venues de quatre individus qui avaient déjà fait l'objet d'un retrait de confiance de la part de tous les membres de la commission nationale». A ce titre, «ils recevront la notification de leur radiation dans les prochains jours». Une rencontre de la Direction nationale de la Cnag est également prévue dans le courant de cette semaine, en présence de quelques journalistes, nous indique encore notre interlocuteur, «afin que l'opinion nationale puisse acquérir la ferme conviction qu'il n'y a pas de crise interne au niveau de la Cnag et que seules ces quatre personnes ont essayé de semer la zizanie». Mais à propos des récriminations soulevées par ces personnes, notre source nous révèle, en effet, que «la question du siège national a été soulevée lors d'une rencontre et il a été décidé à la quasi-unanimité de ne pas déménager». Les raisons en sont multiples. Outre le fait que ce siège se trouve à El-Mouradia, jouissant du confort nécessaire et de la sécurité souhaitée en pareil cas, il est totalement indépendant de celui du PRA (Parti du renouveau algérien), avec une entrée personnelle et une enseigne encore plus imposante que celle du parti qui lui accorde asile. Idem pour la «supposée volonté d'Ahmed Ben Bella de prendre le contrôle de la Cnag». Notre source, qui souligne avec force qu' «il n'y a absolument aucun conflit avec le premier président de la République algérienne indépendante, s'indigne que des gens puissent croire qu'un homme de cette envergure puisse manoeuvrer en vue d'obtenir le contrôle d'une commission, aussi importante soit-elle». Ben Bella aurait accepté la présidence honorifique sur sa demande instante. Les dirigeants de la Cnag, toutes tendances confondues, ne voient aucun inconvénient à ce qu'il devienne président organique si tel devait être son souhait un jour, ce qui n'est guère le cas présentement. Quant au supposé contrôle qu'exercerait le PRA sur les structures locales de la Cnag, notre interlocuteur rappelle que «cette commission, apolitique et située au-dessus de toutes les contingences partisanes, n'en accepte pas moins les militants des autres partis, dont beaucoup contrôlent les structures locales au niveau de nombreuses wilayas du pays, arrivant loin devant le PRA». Il en va de même au niveau des membres de la Direction nationale, comme l'attestent les PV tenus à la disposition de la presse. Le docteur Abdelmalek Serraï, membre en vue et influent de cette commission, joint également par téléphone, nous a indiqué «ne pas être au courant de tout cela». «Je me trouve sur le terrain, en train de défendre la cause de l'amnistie générale aux quatre coins du monde et de procéder à l'installation des commissions locales». Serraï, qui se dit «désolé» que les choses en soient arrivées là, n'en souhaite pas moins que «la situation rentre dans l'ordre le plus tôt possible pour le bien du pays, bien avant celui de cette commission ou des membres qui la composent».