Des membres se présentant comme faisant partie du bureau national de la Commission nationale de l'amnistie générale (CNAG) ont dénoncé une nouvelle fois hier, lors d'une conférence de presse à Alger, la « manière dont a été gelée la CNAG » et ont appelé les pouvoirs publics à ouvrir des enquêtes sur la gestion des finances de cette structure. Les cinq personnes présentes dans une salle de la Maison de la presse Tahar Djaout, munies d'une autorisation de l'administration, disent représenter 20 autres membres en colère sur un global de 75 membres du bureau de la CNAG. Smaïl Abderrezak, premier responsable de la CNAG et secrétaire général du PRA, avait annoncé, en juin dernier, le gel des activités de l'organisation. Décision motivée, selon lui, par l'« anarchie caractérisant la scène politique » et la multiplication d'acteurs s'exprimant au nom de la CNAG. « Nous contestons cette manière unilatérale et dictatoriale de prise de décision. Le bureau n'a pas été consulté », ont avancé les orateurs hier. Ils avancent que la Présidence de la République aurait reproché, par téléphone, au responsable de la CNAG « l'anarchie régnante » au sein de cette structure qui active sur simple autorisation du ministère de l'Intérieur. Des sources avancent que le président d'honneur de la CNAG, l'ancien Président Ahmed Ben Bella, s'était retiré de son poste à cause du discrédit qui a frappé la CNAG suite aux nombreuses dissensions la déchirant. « Paniqué, Smaïl Abderrezak a décidé tout seul de geler la CNAG », soutient Abdellah Djouahiri qui a rejoint la CNAG en avril 2005 suite à l'annonce de la participation de Ben Bella à cette initiative lancée en décembre 2004 et parce qu'il y avait « une bonne ambiance lors des réunions ». Djouahiri et ses collègues ne trouvent rien à redire au fait qu'un ordre de gel d'activité soit émis par l'appareil téléphonique d'un des hauts bureaux capitonnés de la Présidence de la République. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, avait, rappelle-t-on, indiqué devant les députés en juin dernier que l'amnistie n'avait pas besoin d'intermédiaires. « Si l'Etat est d'accord pour geler la CNAG, comment se fait-il qu'on nous donne l'autorisation de nous réunir ? », lance, l'œil goguenard et satisfait, Mohamed Saïdane, ancien syndicaliste. La CNAG a-t-elle été un instrument otage du flux et du reflux d'une éventuelle volonté politique d'aller loin dans le projet d'amnistie générale ? D'autant que ce concept, encore flou, a disparu depuis le début de l'été du discours de son premier promoteur, le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika. Mais le débat sur l'amnistie semblait loin hier. « Des sommes, pas très importantes, ont été amassées lors de la structuration de la CNAG. Il faut qu'on sache où est parti cet argent. Si Ouyahia accuse la CNAG de tbezniss (de faire des affaires, ndlr), que l'Etat ouvre une enquête », avance-t-on. Revenant au centre du débat : à quoi sert la CNAG ? « A sensibiliser, à mobiliser », a répondu l'avocat Merwan Azzi. « J'ai été dans le triangle de la mort dans la Mitidja. Partout, les gens disent oui à l'amnistie générale. Le temps est venu pour que le Président parle directement au peuple en précisant son projet », a clamé une membre de la CNAG gelée. Sans vérité ? Sans justice ? « Dieu pardonne. Et celui qui pardonne est un homme bon, el mousameh karim », a-t-elle répondu.