La Commission nationale pour l'amnistie générale (CNAG) semble subitement renaître de ses cendres. Un procès-verbal d'une réunion, lundi 8 août à Alger, du bureau national de la CNAG adressé au ministère de l'Intérieur, dont une copie a été faxée à la rédaction, mentionne que la commission reprendra ses activités sous la présidence de Abderrezak Smaïl, également secrétaire général démissionnaire du Parti du renouveau algérien (PRA). Le PV est signé par 23 membres sur les 75 qui forment le bureau national de la CNAG. « Après la décision de geler nos activités le 8 juin, une demande d'agrément a été déposée au niveau du ministère de l'Intérieur, et ce, pour la seconde fois. Selon la loi, dépassé le délai de 60 jours depuis le dépôt de la demande et en l'absence d'opposition ou de refus ouvert du ministère, nous avons le droit de poursuivre nos activités », a expliqué Abderrezak Smaïl, contacté hier au téléphone. En juin dernier, l'homme avait annoncé le gel de la CNAG, créée en décembre 2004, vu « le chaos qui règne sur la scène politique et que tout le monde parle au nom de la CNAG, faisant du tort à cette noble initiative ». Quelques jours après, il a révélé que « des représentants des autorités » l'ont convoqué, le 8 juin pour une réunion. « Nous nous sommes réunis pendant six heures. Dans la soirée du même jour, on m'a appelé pour me donner l'ordre d'arrêter les activités de la CNAG. » De quelles autorités s'agit-il ? « C'est eddawla (l'Etat), essoulta (le pouvoir)... El amn (la Sécurité). Toutes les actions de l'Etat passent par eux, c'est eux qui m'ont convoqué, c'est avec eux que j'ai tenu la réunion », a-t-il répondu hier. Les motifs avancés pour ordonner le gel de la CNAG ? « Ils ne l'ont pas dit. Il y a des choses que nous ne pouvons voir », a encore répondu Abderrezak Smaïl. Ce même lundi 8 août, à Alger, mais quelques heures plutôt que la réunion de la CNAG canal Abderrezak Smaïl, cinq membres du bureau national de la CNAG ont donné une conférence de presse pour dénoncer la « manière unilatérale dont a été gelée la CNAG » et ont appelé les pouvoirs publics à ouvrir des enquêtes sur la gestion des finances de cette structure. Les deux axes de reproches ciblaient Abderrezak Smaïl qui s'est dit, hier, fort du soutien de son bureau national. Assisterons-nous à une guéguerre entre factions de la CNAG ? Car, comme l'a souligné Mohamed Saïdane, qui se présente comme « président de la commission provisoire de certains membres de la CNAG » (anti-Abderrezak Smaïl), « si l'Etat est d'accord pour geler la CNAG, comment se fait-il qu'on nous donne l'autorisation de nous réunir ? ». La CNAG, présentée comme le résultat d'une « initiative de la société civile », a subi les attaques du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui a déclaré devant les députés, en mai 2005, que « lorsque le projet (d'amnistie) sera mis en place, le président de la République lui-même l'annoncera et l'expliquera au peuple, donc il n'a pas besoin d'intermédiaire (...) Il n'y a ni commission ni organisation qui parrainent cette initiative ». Manière, peut-être, de jeter le poids du projet, toujours flou malgré l'approche annoncée d'un référendum, sur les épaules du chef de l'Etat. Mais certainement une manière aussi de nier l'éventuelle dynamique souhaitée par les animateurs de la CNAG.