« Le gel des activités de la Commission nationale pour l'amnistie générale (CNAG) est intervenu sur ordre des autorités », a révélé, hier, le président de cette organisation, Abderrezak Smaïl, lors d'une conférence de presse au siège du Parti du renouveau algérien (PRA), à Alger. Selon lui, les autorités ont intimé l'ordre de geler toutes les activités de la CNAG après une réunion de près de six heures, au cours de laquelle il leur aurait présenté un rapport détaillé sur le fonctionnement de cette commission. « Des représentants des autorités m'ont convoqué, le 8 juin dernier, pour une réunion. Nous nous sommes réunis pendant six heures. » Dans la soirée du même jour, on m'a appelé pour me donner l'ordre d'arrêter les activités de la CNAG », a déclaré Abderrezak Smaïl, sans citer les motifs ayant conduit ces autorités à prendre une telle décision et sans préciser de quelles « autorités » il s'agissait. C'est la première fois que le secrétaire général du PRA rend publiques les raisons l'ayant amené à annoncer la suspension des activités de la CNAG, le 9 du mois écoulé. Dans un communiqué rendu public auparavant, il avait évoqué d'autres considérations. « Vu le chaos qui règne sur la scène politique et que tout le monde parle au nom de la CNAG, faisant du tort à cette noble initiative, la commission a décidé, après la réunion de son bureau national et ses membres fondateurs, le gel immédiat de toutes ses activités sur le territoire national », a-t-il expliqué dans ce communiqué. Qu'est-ce qui a poussé les autorités à mettre fin à la mission de la CNAG après sept mois d'activité avec l'autorisation du ministère de l'Intérieur ? Sachant que la CNAG a la réputation d'être inféodée aux cercles de la Présidence et a mené une campagne tambour battant pour un projet dont les contours ne sont connus que par le Président Bouteflika. Toutes les autorités sécuritaires, selon Abderrezak Smaïl, étaient mobilisées autour de cette organisation. Créée le 2 décembre 2004, soit quelques jours après le discours du président de la République annonçant le projet, cette commission est une idée propre à Abderrezak Smaïl, selon ses dires. « Je suis un nationaliste et je soutiens le Président Bouteflika. J'ai créé la CNAG pour faire réussir son projet », a-t-il affirmé. Cette structure a connu, dès les premiers mois, des conflits internes et une lutte de leadership sans précédent. Cette commission a été accusée par la suite de « détournement d'argent et de business ». Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a affirmé, dans une déclaration à l'Assemblée populaire nationale (APN), que la justice va se saisir de l'affaire. En répondant à ces accusations, l'orateur précise : « Nous ne faisons pas du business. La CNAG est une initiative noble et nous avons financé ses activités avec notre propre argent. Nous avons jusqu'à maintenant des dettes que nous n'avons pas payées. » Mais dira Abderrezak Smaïl, s'il y a des comptes à faire « le PRA n'est pas concerné ». « Seulement, Abderrezak Smaïl est concerné en tant qu'initiateur de la CNAG », lance-t-il. C'est pour lever tout amalgame concernant les rapports du PRA avec la CNAG que ce dernier a annoncé officiellement sa démission en tant que secrétaire général du parti. Le désormais ex-SG du PRA installera, jeudi prochain, la commission préparatoire du congrès extraordinaire pour rendre son tablier. Congrès qui aura lieu, selon lui, au mois de septembre 2005. « Conformément au règlement intérieur du parti, j'assumerai la fonction de SG jusqu'à la tenue du congrès extraordinaire », a-t-il souligné. Le règlement intérieur du PRA stipule, indique-t-il, que la démission du SG doit être annoncée lors du congrès. Abderrezak Smaïl ne compte pas, par ailleurs, abandonner ses activités pour le projet de l'amnistie. Il a annoncé qu'un autre dossier de création d'une autre commission est déposé au niveau du ministère de l'Intérieur. « Nous attendons l'autorisation pour entamer le travail », a-t-il annoncé. Autorisation demandée le 9 juin et qui devrait être délivrée le 9 août, soit après 60 jours du dépôt de dossier. Revenant sur les dissensions ayant jalonné la CNAG, l'orateur a estimé que « ses opposants sont des opportunistes qui n'ont jamais soutenu le Président Bouteflika ». « Nous avons défriché le terrain pour le projet de l'amnistie », a-t-il ajouté. Evoquant l'Alliance présidentielle, dont les leaders veulent chapeauter la campagne pour ce projet, le conférencier rétorque : « C'est une alliance d'intérêts. Elle ne réussira pas. »