L'homme est discret et humble. Un réalisateur qui se donnait à fond dans son travail. Djamel Fezzaz, 52ans, est parti au moment où l'on attendait de lui plus. Il est parti sans même avoir vu sur l'écran de la télévision son dernier feuilleton, Le Joueur, programmé pour le Ramadhan prochain. Une production au stade du montage. « Dommage », regrette Mohammed Hilmi. « Dommage », regrette aussi Boulehrad Oualid, le garçon à qui revient un des rôles dans ce feuilleton et que nous avons rencontré, hier, au cimetière El Alia. « C'est lui qui m'a donné la chance de faire du cinéma. J'ai joué avec lui dans plusieurs feuilletons tels que Kayd Ezzaman et El Massir. C'est un homme qui m'a toujours encouragé », témoigne le jeune acteur qui promet de continuer l'aventure du cinéma en hommage au maître. Ayant appris la triste nouvelle, Abderrahmane Djalti dira pour sa part que le décès de Fezzaz « est une grande perte pour le cinéma algérien ». « C'est le seul metteur en scène, rappelle-t-il, qui a eu confiance en moi en me confiant le premier rôle dans son film La Mélodie de l'espoir en 1992. C'était un homme très fort bien qu'il fût affaibli par la maladie. Il est parti sans terminer son dernier feuilleton. Je suis peiné. » Les personnes qui l'ont fréquenté à la télévision reconnaissent que c'était un homme de qualité. Madjid Slamna, réalisateur à l'ENTV, relate que Djamel Fezzaz était d'abord un homme de communication, une personne qui écoute les autres et rien ne vaut d'avoir travaillé avec lui. Slamna dira aussi que Fezzaz était « humble et discret » et sur le plan de l'œuvre, « il a su briser la bureaucratie ». Le prix de cet engagement a été une tentative d'assassinat en 1995 dont le réalisateur s'en était sorti heureusement saint et sauf. Hier au cimetière El Alia, toutes les personnes qui l'ont connu et celles qui ont travaillé avec lui sont venues l'accompagner dans sa dernière demeure. Même Lamine Merbah, ancien directeur de l'Entreprise nationale de production audiovisuelle (ENPA), a défié le poids de son âge et tenu à dire adieu à l'homme à qui il voue de la reconnaissance et du respect. Il était fortement chagriné par la nouvelle de la mort de Djamel Fezzaz. Au cours de son parcours dans la production cinématographique et audiovisuelle, Djamel Fezzaz aura laissé des titres immortels. Le téléspectateur retiendra indéfiniment dans sa mémoire les feuilletons Chafika, El Massir, Kayd Ezzaman et El Wassya, un feuilleton pour lequel le réalisateur avait obtenu le prix Fennec d'or le mois de février dernier. Le téléspectateur se souviendra aussi des films Lahn El Amel (La mélodie de l'espoir) dans lesquels a joué Abderrahmane Djalti. En 1994, alors que Lahn El Amel a eu un grand succès dans les salles de cinéma, Djamel Fezzaz, dira : « Il y a plus d'espoir que de mélodie. Le tout est de savoir ce qu'on veut... »