Le Joueur, qui a fait les délices du téléspectateur, a révélé un grand comédien. Entretien. «Le joueur» tel est le titre du feuilleton du dernier ramadan, qui a été aussi la dernière création du regretté Djamel Fezzaz. Ce feuilleton a été achevé juste avant une mort prématurée. Qui, mieux que son acteur principal, Mohamed Adjaïmi pour nous parler de cette oeuvre ? Mohamed Adjaïmi, incarnait le rôle de Si Athmane ce joueur qui vendrait ce qu'il a de plus cher pour avoir de quoi jouer encore une partie de poker. Le succès de cette série a été confirmé par le fait qu'elle a été suivie à l'extérieur des frontières. M.Adjaïmi revient sur les péripéties de ce feuilleton. L'Expression : Dans «Le joueur», -et souvent dans d'autres films- vous incarnez le rôle d'un homme exécrable et méchant. Pourquoi ce choix? M Adjaïmi : Cette question revient dans la plupart des interviews, mais il faut préciser une chose, je ne suis pas dans la vie comme dans les rôles que j'incarne. Quand un réalisateur ou un metteur en scène me propose un personnage, je lis le scénario, s'il est intéressant, je fonce sans penser aux conséquences. Est-ce que vous avez utilisé une méthode d'introspection pour rentrer dans la peau du personnage? «Le joueur» doit être un homme viril, fort et «macho» Chose que j'ai essayé de faire. Pour la petite histoire dans la scène où je devais gifler ma femme, rôle interprété par Fatiha Berbère qui est aussi une grande actrice, on a répété la scène deux fois de suite. Je suis ensuite parti la voir pour m'excuser, là elle m'a répondu qu'il n'y avait pas de problème, on est là pour bien faire notre métier. En fait, quand je prends le scénario, je le lis et, je le filtre, si je le prends là, je me mets réellement dans la peau du personnage, je puise au fond de moi-même et je me sens capable de jouer tous les rôles. Même, une fois j'ai interprété Aba Djahl. Mon père qui a vu le film en était sidéré. Je crois que j'ai cette capacité de m'adapter à tous les personnages même les plus gentils ( Rire ). Je prends les choses au sérieux sans penser à autre chose et là je deviens le personnage demandé, c'est là tout le secret de la chose. Ecoutez, mon travail c'est toute ma vie. Je me donne coeur et âme dans tout ce que j'entreprends. Je suis amoureux de mon travail et je réponds présent à toutes les propositions. Parlez-nous un peu de la fin du film qui était ouverte? C'est vrai, mais je dois préciser qu'on n'a pas pu finir le feuilleton à cause de la santé fragile de Fezzaz qui s‘est dégradée vers la fin du tournage. D'ailleurs il m'a parlé de la fin qu'il a prévue, je devais devenir un fou du tiercé et du jeu, atteint de dépression nerveuse, descendre peu à peu dans l'échelle sociale pour devenir un mendiant, ma famille viendra me sortir encore une fois de cette indigence mais malgré cela je persisterai dans le jeu. Une fin tragique d'un homme qui a détruit sa vie à cause du jeu. Il m'a proposé cet épilogue et m'a demandé si je me sentais capable de le faire et je lui ai répondu qu'elle me conviendrait parfaitement. Malheureusement les circonstances de la vie ont fait que même le montage s'est fait après la mort du réalisateur, par des gens très compétents qui ont su préserver les intentions du défunt Djamel Fezzaz. Je salue, au passage, leur courage et leur professionnalisme. Et si on revenait un peu à votre longue carrière? Comment avez-vous découvert cet univers multidimensionnel? A l'âge de 8 ans, je savais déjà ce que je voulais faire dans la vie « comédien» un rêve qui ne m'a jamais quitté et qui a grandi au fil du temps, j'écoutais les pièces théâtrales qui passaient à la radio algérienne comme celle de Mustapha Badi, Ali Abdoune On habitait un petit quartier à la Casbah et mon père m'emmenait souvent au cinéma pour voir surtout les films en langue arabe, ce qui renforçait mon amour pour ce métier que je voulais absolument faire. Par ailleurs les circonstances ont fait qu'après des études au lycée Amara Rachid, j'ai suivi des cours à l'Ecole normale supérieure de Bouzaréah, outre l'école de dactylographie, au même moment où j'étudiais la musique. Mon premier métier a été celui d'enseignant. Ceci dit je n'ai pas oublié ma passion pour les planches et je tenais des petit rôles à la radio. J'ai joué dans plusieurs pièces théâtrales, la dernière avec Fouzia Belhadj qui est une grande dame et, que j'ai eu l'occasion de côtoyer dans des pièces de théâtre. Justement vous êtes acteur de cinéma, de TV et aussi vous faites du théâtre, que préférez-vous? Pour moi c'est la même famille, chacune de ces techniques, quand on est un homme amoureux du métier je crois que c'est un plaisir de les faire toutes et de ne pas avoir de préférence. Qu'en pense votre famille? Mon père était fier lorsque j'ai enseigné, alors j'ai dû lui cacher que je faisais de la comédie en parallèle, jusqu'à ce que, une fois assis tranquillement devant sa télé, il me regarde dans une comédie intitulée «Lehne El wafa». Il m'a demandé des explications, chose que j'ai faite, alors il m'a demandé si j'ai quitté l'enseignement et je lui ai répondu que non, et là il était assez content, je pense et même un peu orgueilleux. Que représente pour vous la télévision algérienne? Sincèrement, je pense qu'elle est en bonne voie, du chemin reste encore à faire mais avec l'actuelle équipe de la direction, il y a fort à parier que la production télévisuelle ira en s'améliorant. Des projets? Enormément, j'espère que je pourrais les réaliser tous, je voudrai faire un film sur la lutte des Zaâtcha, interpréter un «policier» à l'algérienne. Un dernier mot? Alors c'est plutôt des remerciements à tous ceux qui m'ont soutenu et encouragé, notamment la direction de la sûreté nationale de Aïn Témouchent qui m'a honoré après mon retour de la Syrie. Je souhaite beaucoup de joie et de paix pour tous les Algériens pour la nouvelle année.