Le procès des auteurs présumés des attentats à l'explosif qui ont ciblé le 11 décembre 2007 le siège du Conseil constitutionnel à Ben Aknoun et les bureaux du Commissariat des Nations unies aux réfugiés, à Hydra, a été reporté, jeudi dernier, par le tribunal criminel d'Alger à la prochaine session criminelle qui sera ouverte en octobre 2010. Ce report est motivé par l'absence de trois avocats des auteurs présumés. Ces derniers ont refusé de se prononcer ou de faire des révélations en l'absence de leurs avocats, ce qui a contraint le magistrat à renvoyer le jugement. « Dans un procès en criminel, chaque accusé doit avoir son avocat. Il est du droit d'un accusé de refuser son jugement si son avocat n'est pas présent », font remarquer les avocats. Plus de 180 victimes de ces attentats étaient présent ce jeudi à ce procès. Ils auraient souhaité voir les auteurs de ces horribles attentats jugés définitivement afin qu'ils fassent leur deuil. S'agissant de ce procès lourd et très attendu par tout le monde, son report est fait sciemment, selon des sources judiciaires. L'absence de trois avocats et de trois accusés répond à une stratégie bien calculée. « Les avocats savent que leurs clients sont accusés de faits très graves et risquent d'écoper de la peine capitale. Donc, ils essayent de gagner juste du temps et de choisir peut-être le moment propice », a révélé un avocat. D'autres avocats partagent cet avis et estiment que dans des affaires aussi graves, les avocats ont recours à des stratagèmes afin de repousser le procès. « Il s'agit-là d'un report stratégique et ce procédé s'applique de par le monde », a relevé un avocat. A l'ouverture du procès et dans son arrêt de renvoi, la chambre d'accusation a cité plusieurs noms, entres autres Abderrazak Bouzegza, chef de la redoutable phalange El Farouk. Elle a également cité les noms de toutes leurs victimes. C'est à ce moment précis que l'un des accusés – ils étaient huit – a eu un malaise et s'est carrément évanoui. Maître Sellini, avocat de Menia Mustapha, accusé pour non-dénonciation de faits graves, a plaidé lors de cette audience pour la mise en liberté provisoire de son client. « Les terroristes appartenant à cette phalange ont demandé à mon client de leur procurer des médicaments et autres matériels. L'accusé n'a pas répondu à la demande des terroristes, seulement il ne les a pas dénoncés auprès de la police ou la gendarmerie. Il est donc poursuivi pour non-dénonciation, ce qui est un délit et non pas pour un acte criminel », a expliqué maître Sellini, qui a insisté pour la libération de son client. Le juge d'instruction a reconnu que l'accusé n'était pas impliqué dans les attentats. Il a prononcé à cet effet un non-lieu, mais la chambre d'accusation a refusé la libération de Menia car les faits qui lui sont reprochés sont très graves. Maître Sellini ne comprend pas la démarche du juge qui, d'un côté avoue que Menia n'est pas impliqué dans ces attentats, et d'un autre refuse de le libérer. « Le juge se contredit, d'une part il prononce un non-lieu quant à l'implication de mon client dans une association de malfaiteurs et d'autre part mon client ne peut pas bénéficier d'un non-lieu car on le juge impliqué dans les attentats. Si mon client n'appartient pas à une association de malfaiteurs, il ne peut pas être impliqué », a-t-il lâché. Maître Sellini persiste est signe : la non-dénonciation est un délit qui ne nécessite pas l'emprisonnement de son client. Le procureur a refusé la liberté provisoire pour Menia et le magistrat a appuyé la décision du parquet.