Les changements concerneront plus de 90% de l'effectif gouvernemental. De sources autorisées, L'Expression a appris qu'à l'issue des prochaines législatives, la pyramide de l'Etat connaîtra de profonds changements. Nos sources précisent que le chef de l'Etat a la ferme intention d'apporter un souffle nouveau aux structures de la République. C'est ainsi que juste après la très probable levée de l'état d'urgence, prévue pour le mois de juin prochain, une très vaste opération de renouvellement touchera la quasi-totalité des institutions de l'Etat. Au niveau des portefeuilles ministériels, les changements concerneront plus de 90% de l'effectif gouvernemental. Nos sources affirment que les ministres qui garderont leur place dans l'Exécutif se compteront sur le les doigts d'une seule main. Cette coupe drastique dans l'équipe dirigée par Benflis est justifiée, dit-on, par les résultats décevants enregistrés dans la majorité des départements ministériels. Que ce soit dans les Travaux publics, principal concerné par les grands projets de la relance économique, qui tardent à voir le jour, ou dans le secteur des Télécommunications qui, malgré les insistances du Président, ne décolle toujours pas, les griefs de Bouteflika à l'encontre de ses ministres sont amplement justifiés. D'autres ministres ont montré toutes leurs limites dans la gestion de leur département, à l'image de celui des Ressources en eau qui semble pécher par un manque d'une stratégie claire, ou encore celui de l'Environnement, plus enclin à dépenser son budget en journées d'étude que d'entreprendre des actions concrètes dans le sens d'améliorer la situation environnementale du pays. Les mêmes critiques peuvent aussi être adressées au ministre de la Pêche qui, en deux ans de travail n'a pas réussi à faire en sorte que le taux de consommation de poisson augmente de manière significative. En fait, le bilan de l'Exécutif est, à quelques exceptions près, loin d'être à la hauteur des ambitions placées en lui. Ce constat, sans complaisance, a été dressé en haut lieu, affirment nos sources. La question du profil des prétendants au poste de ministre est, à ce propos, déterminante dans le choix de la nouvelle équipe que Bouteflika voudrait volontaire et prête à aller au charbon pour recouvrer la confiance perdue entre gouvernants et gouvernés. Sans aller jusqu'à révéler les noms des futurs locataires des différentes bâtisses du gouvernement, nos sources précisent néanmoins que les critères essentiels dans les désignations tiennent dans la jeunesse, le dynamisme et l'esprit d'entreprise. En tout état de cause, il est attendu pour la prochaine législature «un Exécutif de combat», selon les propres déclarations de nos informateurs. Un nouvel Exécutif donc qui sera, révèlent nos sources, appuyé par des compétences reconnues et de même profil à l'échelon intermédiaire. Aussi, insiste-t-on, toutes les institutions de la République connaîtront un profond lifting. Le corps des walis, celui des chefs de daïra, des secrétaires généraux des communes seront revus de fond en comble. L'état d'avancement du programme de relance économique et «les lacunes signalées ici et là», seront à ce titre un indicateur efficace de l'évaluation du travail de terrain accompli par les fonctionnaires. L'administration est donc appelée à connaître l'un de ses plus grands mouvements, avec cette fois une obligation de résultat, dont le plan de relance économique constitue un excellent système d'évaluation. Le changement projeté par le chef de l'Etat ne s'arrête pas là. Le secteur des finances publiques sera lui aussi revu de fond en comble et l'on évoque une multitude de nominations à la tête des banques publiques appelées à s'investir plus dans la dynamique économique en prévision de l'ouverture de leurs capitaux. Nos sources avancent, par ailleurs, qu'un autre mouvement dans le corps de la magistrature est prévu dans le planning du chef de l'Etat. De nouvelles têtes vont faire leur entrée dans le monde judiciaire avec pour mission de donner leur dimension réelle aux réformes engagées dans l'édifice de la justice en Algérie. A ce propos, l'on affirme que les nouveaux magistrats sont instruits de respecter scrupuleusement les droits de l'Homme, voire les défendre. Bref, l'après-30 mai promet d'être riche en rebondissements à tous les niveaux des structures de l'Etat. Bouteflika, qui dispose encore de deux ans pour convaincre, entend frapper les esprits en dotant le pays d'un personnel jeune, compétent et décidé à gagner le pari de sortie de crise. Cette décision, mûrement réfléchie en haut lieu, révèlent nos sources, est imposée par la situation difficile que traverse le pays. La situation en Kabylie, les flambées de violence épisodiques aux quatre coins du pays renseignent en effet, sur la fracture qui s'est produite entre le peuple et ses dirigeants. Le grand changement prévu pour les mois qui viennent est en quelque sorte un traitement de choc pour réveiller une nation qui ouvre difficilement les yeux après dix ans d'enfer terroriste. Sur un plan strictement politique, les mesures qui seront prises par le chef de l'Etat permettront d'ici à la fin de l'actuel mandat présidentiel de redresser le pays et partant, de rendre la sérénité au sein d'une société qui a tendance à perdre tous ses repères.