Après son agression par le joueur Rafik Saïfi qui a ému tous les Algériens, la journaliste de la publication sportive Compétition est rentrée en Algérie. Asma Halimi raconte dans l'entretien qu'elle nous a accordé les péripéties de cet acte lâche. Elle compte donner suite à cette affaire. Trois jours après l'agression de Rafik Saïfi sur votre personne, quel commentaire faites-vous sur cet incident ? J'ai eu le soutien de tout le monde, mon mari, ma famille, des journalistes des médias nationaux et internationaux et mes responsables. Mais c'est toujours très difficile d'oublier cet acte parce qu'au fond de soi-même, on se sent humilié. Quand on reçoit une gifle, on a encore la rage. Surtout quand Saïfi n'a même pas le courage de reconnaître son acte. C'est un peu dur d'oublier, mais j'espère que ça ira dans les prochains jours. Tout le monde me soutient. Cela me fait chaud au cœur, notamment le ministre de la Communication qui m'a appelée le lendemain de l'agression. Je déplore, par contre, le silence de la Fédération algérienne de football, sachant que M. Raouraoua est au courant, car en Angola déjà à l'aéroport, alors que j'étais avec de nombreux journalistes, Saïfi était venu me dire : « Toi tu vas mourir. C'est moi qui vais te tuer. » Je suis partie voir le président de la Fédération. Je lui ai dit que c'est la deuxième fois qu'il me menace. Soit vous réglez ce problème, soit je vais en faire une affaire personnelle. Il m'a dit : « Ne vous inquiétez pas, je vais lui parler. » C'est vrai, qu'il l'a fait . Saïfi s'est calmé jusqu'à la dernière agression. Sachant qu'il y a un précédent, Le président de la FAF sait pertinemment que c'est vrai. J'ai entendu dire qu'il a parlé avec le joueur mais la moindre des choses c'est de me contacter ou faire un petit communiqué pour déplorer l'incident. La FIFA a reçu une plainte officiellement. Le journal Compétition a envisagé d'ester Saïfi en justice. Où en est la procédure ? L'avocat du journal, maître Bourayou, a commencé à préparer un dossier complet sur cette affaire. Et bien sûr, j'ai des témoins, des journalistes nationaux et internationaux, qui étaient présents. Ils m'ont tous laissé leurs coordonnées. Le motif de votre plainte est-il seulement l'agression ? Non. La plainte porte sur l'agression, la menace et l'insulte. Sachant que c'est pour la troisième fois qu'il le fait. Il m'avait déjà frappé avec une bouteille devant les journalistes algériens au stade du 5 Juillet. Mais j'ai passé l'éponge. Cette fois-ci, il est allé trop loin. Les responsables du journal ont aussi décidé de le poursuivre en justice. Vous avez déposé aussi un rapport au niveau de la FIFA. Quelle a été la réaction de cette dernière ? Oui, j'ai déposé un rapport très détaillé. Et le responsable de l'office des médias de Pretoria m'a envoyé un message en me disant qu'il allait le soumettre aux responsables des médias à Johannesburg. Il a rendu effectivement un rapport à l'office des médias de Johannesburg. Pour l'instant j'attends. Mais même s'il n'y a pas de résultat tout de suite, je vais le relancer à chaque fois. J'ai envoyé aussi la liste des témoins et toutes leurs coordonnées. Ils doivent appeler ces témoins pour voir réellement ce qui s'est passé. Pourriez-vous revenir sur les raisons de cette agression en ce sens que ce n'est pas la première fois que cet incident se produit ? Ce n'est pas la première fois. Sachant que j'avais de très bons rapports avec lui du temps où il était au Mouloudia. Je suis partie en France quand il avait des problèmes avec Alain Perrin. Parce qu' en 2001, ce dernier avait demandé de ne pas faire le Ramadhan pour jouer. Le journal m'avait envoyé pour faire pression sur l'entraîneur. C'est ce qui s'est passé justement. Sachant que cette question avait été médiatisée à l'époque. Donc, il a eu peur et a fait jouer Saïfi. J'avais de très bons rapports avec lui jusqu'à la veille du match Algérie-Uruguay. Il était parti au Qatar pour signer un contrat. Nous avions essayé mes collègues et moi de le contacter pour une interview comme d'habitude. Sachant qu'il avait signé un contrat avec un club qatari. Donc, le jour du match, un collègue m'avait appelée pour me dire qu'il y avait un entretien qui avait paru sur le journal El Sharq. Saïfi a donné une interview où il a confirmé la signature de son contrat. Il m'a proposé de la traduire et j'ai accepté, en lui demandant de reprendre intégralement et de citer la source sans savoir au départ quel était le contenu. Donc l'interview parue, je suis partie couvrir le match d'après. Après la rencontre, alors qu'il était dans le bus, en me voyant venir, alors que je me trouvais avec la même personne avec qui j'étais lors de la dernière agression. C'était l'oncle de Karim Ziani. Il m'a interpellée : « Eh toi ! Comment tu connais ma femme ? » Au départ, je ne savais pas qu'il s'adressait à moi. Il était dans le bus et les joueurs étaient témoins, notamment Zaoui. Je n'ai pas compris sur le moment qu'il parlait de l'interview. Il m'a dit : « Après, je vais régler le problème avec toi. » Je lui ai répondu : « On peut le régler maintenant. » Il n'a pas apprécié ma réponse et m'a frappé avec une bouteille d'eau. Après, j'ai compris que dans l'interview donnée au journal qatari, il avait déclaré : « J'aime beaucoup ma famille qui est composée de ma femme française et de mon fils. » En fait, il n'a pas apprécié que les Algériens sachent que sa femme est Française. Je ne sais pas s'il l'a lu ou on lui a raconté n'importe quoi. A mon avis s'il l'avait lu, il n'aurait pas réagi ainsi. C'est le seul différend avant son départ en Angola. C'est vrai qu'on l'avait critiqué. Et en arrivant en Angola, il est venu me menacer. Je suis allée voir le président de la FAF, M. Raouraoua. Et depuis, il ne me parle plus. J'ai décidé de ne plus rien écrire sur lui, même s'il marque trois buts en Coupe du monde et où il nous la fera gagner. Je ne lui parlerai plus par principe.