L'Algérie espère exporter à moyen terme près de 50 000 tonnes de dattes contre 12 000 tonnes actuellement, a indiqué hier le président du Comité interprofessionnel (CI) des dattes, Salim Haddoud, en marge d'une réunion sur cette filière qui s'est tenue hier au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. L'Algérie exporte seulement 2% de sa production de dattes, soit 12 000 tonnes sur 600 000, et n'arrive qu'en 28e position dans le classement des pays exportateurs de dattes, pourtant, elle est le deuxième producteur mondial après l'Irak. Le montant des exportations de dattes a atteint 20 millions de dollars en 2009, a rappelé M. Haddoud. L'Algérie aurait pu cependant faire davantage de recettes s'il y avait une meilleure organisation logistique de cette activité agricole, a noté le président du CI. « 50 000 tonnes ce n'est pas extraordinaire et un seul opérateur peut exporter cette quantité, mais les exportateurs sont confrontés à certains problèmes », a-t-il fait valoir. La promotion de l'exportation des dattes passe, selon lui, par la réhabilitation des unités de conditionnement et l'accompagnement des producteurs, mais aussi par la lutte contre la spéculation et la contrebande. La datte algérienne, a-t-il relevé, n'est pas concurrentielle en raison de ses prix élevés. « Les Tunisiens ont une production plus importante avec des prix nettement moins élevés que chez nous », souligne-t-il. Il a indiqué que les exportateurs ne sont pas assez approvisionnés par les agriculteurs et ne peuvent donc avoir les quantités nécessaires pour honorer leurs commandes. « Les dattes tunisiennes sont de meilleure qualité, cette année, car les Tunisiens ont protégé leurs produits de la pluie. En Algérie, on a eu des pertes allant jusqu'à 60% dans certaines communes de Biskra », a-t-il observé. La contrebande est un autre fléau qui empêche le développement des exportations des dattes algériennes, a-t-il mentionné. « Il y a des exportations informelles aux frontières de l'Ouest et du Sud. Il n'y a pas que les consommateurs qui subissent les contrecoups de ces pratiques. Nous aussi nous sommes victimes, car nous n'avons pas les quantités dont nous avons besoin. Il faut un contrôle strict au niveau de ces frontières et dans les marchés de proximité. Il faut réduire le nombre d'intermédiaires. Si on mettait en place ce système de contrôle, le prix de la datte ne dépasserait pas les 200 DA », a-t-il expliqué. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a estimé, pour sa part, que la mise en place du Comité interprofessionnel des dattes va permettre aux différents acteurs de se concerter pour lever les obstacles qui freinent le développement de cette activité. « La filière dattes fait partie des filières stratégiques. Elle est l'une des priorités du ministère dans sa politique de renouveau agricole en raison de son impact social et économique », a-t-il affirmé. Il a révélé que l'un des objectifs du ministère est de protéger les variétés de dattes algériennes, notamment la fameuse deglet nour dont se prévalent plusieurs pays exportateurs, alors qu'il s'agit d'une variété typiquement algérienne produite dans la région de Tolga (Biskra). Un décret sur la labellisation des dattes algériennes sera transmis dans les prochains jours au secrétariat général du gouvernement.