Malgré la misère et les tourments du quotidien, les résidants de ce bidonville demandent la réalisation, en priorité, voire en urgence, d'un passage digne de ce nom. La cité Saïd Hadjar dans la commune de Saoula est synonyme de tous les dangers, car les habitants courent le risque de chutes mortelles. Et pour cause, le seul passage y menant est une barre de fer de 40 centimètres de largeur reliant les deux rives d'un oued qui sépare le bidonville de la voie publique. Les milliers de citoyens qui l'empruntent devraient faire preuve de beaucoup d'attention et d'adresse, faute de quoi ils risquent de tomber dans le creux d'un cours d'eau en mouvement. Les accidents sur ce passage sont quasi quotidiens, apprend-on auprès des citoyens. Des écoliers, des femmes et des personnes âgées en ont déjà fait les frais, en essayant de franchir ce chemin de tous les dangers. En notre présence, un petit enfant qui tentait de traverser « ce pont de fortune » a trébuché et a failli se casser la jambe. Malgré la misère et les tourments du quotidien, les résidants de ce site bidonville demandent la réalisation, en priorité, voire en urgence, d'un passage digne de ce nom et éviter des risques inutiles à la population. « Nous ne demandons pas la lune, on veut seulement un pont praticable en mesure d'assurer la sécurité de nos femmes et enfants », revendique un père de famille. « Un tel ouvrage ne coûtera rien au Trésor public, car il y a à peine deux ou trois mètres qui séparent les deux côtés de l'oued », indique un autre habitant, ajoutant que les autorités locales sont au courant de cette situation, mais tardent à réagir et trouver une solution au problème. « Alors que certaines cités bénéficient de travaux d'embellissement et d'entretien, ce quartier est délaissé et privé des moindres commodités » s'indigne un autre résidant. Outre la menace que présente ce « pont de la mort », les artères de la cité Saïd Hadjar ne sont pasen reste et exposent à leur tour les habitants, notamment les personnes âgées, au risque de chutes. « Les routes sont tellement impraticables qu'il est impossible d'y effectuer plus de deux pas tout droit, il faut éviter, continuellement, les crevasses », se plaint une jeune fille. Les habitants indiquent qu'ils sont pénalisés encore plus la nuit en l'absence de l'éclairage public. Même si les baraques avaient été raccordées au réseau électrique et dotées de compteurs individuels il y a près d'une année, il n'empêche que plusieurs commodités font toujours défaut. En fait, alors que la capitale est alimentée en eau potable H24, ce site n'est même pas raccordé au réseau d'AEP. Les habitants sont contraints de parcourir des centaines de mètres pour s'approvisionner. Même constat pour le réseau d'assainissement, dont l'absence oblige les résidants à déverser leurs eaux usées dans des fosses septiques ou carrément en pleine nature. Le seul point positif qui a réjoui les habitants est l'installation, il y a quelques mois, d'une brigade de la police pas loin du bidonville, ce qui a permis de réduire sensiblement l'insécurité qui régnait dans les parages. Quant au relogement, les résidants de Saïd Hadjar ont exprimé leur appréhension d'être oubliés par les pouvoirs publics. « A ce jour, aucune promesse ne nous a été faite », se plaignent-ils.