Après avoir tourmenté l'Australie (4-0) pour leur premier match de Coupe du monde, Thomas Müller, Mesut Özil et Sami Khedira ont donné le tournis à l'Angleterre (4-1) dimanche en 8es de finale du Mondial 2010, avec une aisance technique si peu allemande. Quand l'Allemagne dispute une phase finale de Coupe du monde, elle ne vient jamais pour faire de la figuration : pour sa 17e participation, elle a ainsi atteint pour la 15e fois les quarts de finale, une constance que même le Brésil lui envie. En attendant de défier l'impressionnante Argentine de Diego Maradona samedi, cette Nationalmannschaft, cuvée 2010, se distingue déjà de ses devancières par son état d'esprit et son style de jeu. « Je suis un entraîneur qui aime voir du beau football », répète souvent Joachim Löw, qui a initié en 2004, d'abord comme adjoint de Jürgen Klinsmann, puis depuis 2006 comme sélectionneur cette transformation du football allemand. Contre l'Angleterre, pendant 20 minutes en première période et pendant la majeure partie de la seconde, l'équipe de Löw, malgré sa relative inexpérience et sa moyenne d'âge de 24,8 ans pour le onze de départ, en a fait voir de toutes les couleurs à Frank Lampard, Steven Gerrard, John Terry et Wayne Rooney. « C'est l'une de nos performances les plus abouties en termes de maîtrise du jeu et de domination de l'adversaire », a reconnu Löw, qui a conforté son statut de meilleur sélectionneur allemand de l'histoire avec cette 37e victoire en 53 matches. Le football, selon « Jogi », c'est d'abord une condition physique impeccable, point commun, du reste, à toutes les sélections allemandes. Mais si par le passé cette endurance était la marque de fabrique des succès, elle ne constitue désormais que la base du jeu de combinaisons, à une touche de balle et en mouvement permanent que Löw préconise. Latin L'Allemagne s'appuie sur des joueurs doués techniquement, comme le meneur de jeu Özil, 21 ans, des « poumons » véloces comme Khedira, 23 ans et des « tueurs » comme Müller, 20 ans, dont Löw loue « le sang-froid et la sérénité sidérantes » pour sa première saison complète chez les pros. « Il y a un aspect latin dans notre football, avec des joueurs qui demandent toujours le ballon et qui sont capables d'accélérer le jeu à tout moment », admire Khedira. Ce qui manque encore à cette jeune génération, c'est la capacité de fermer le jeu et de gérer le score, une caractéristique pour le coup bien allemande qu'avait la Nationalmannshaft, sacrée championne du monde en 1990.