La péninsule ibérique – et celle du Cap – vont s'enflammer, aujourd'hui, pour un duel de haut vol en 8es de finale du Mondial entre une Espagne, enfin à l'aise, après des débuts timides, et un Portugal solide qui espère retrouver son soliste Cristiano Ronaldo. Sur le papier, la rencontre oppose le no 2 (Espagne) au no 3 (Portugal) du classement mondial de la Fifa. Mieux qu'Angleterre-Allemagne. Elle met aux prises deux sélections qui n'ont plus vraiment l'habitude de la défaite. L'Espagne, championne d'Europe, s'est certes inclinée contre la Suisse (0-1), mais elle restait depuis novembre 2006 sur un bilan de 44 victoires et une seule défaite lors de ses 48 derniers matches. Alors que le Portugal n'a, lui, plus perdu depuis novembre 2008 (2-6 contre le Brésil) et reste sur une série de 19 matches sans défaite. C'est aussi une opposition de style entre une formation espagnole modelée pour l'offensive, avec un milieu de terrain joueur et un taureau d'attaque nommé David Villa, et une escouade portugaise passée maître dans la protection de ses buts et dont le gardien, Eduardo, n'a pris que 3 buts en 18 sélections et n'a encore jamais perdu avec son équipe nationale. Le Portugal a réussi à sortir dudit groupe de la mort, où figuraient le Brésil et la Côte-d'Ivoire, sans encaisser un but. Seul l'Uruguay a fait aussi bien au premier tour, mais dans un groupe bien plus facile. L'Espagne, depuis son couac inaugural contre la Suisse, est, elle, parvenue à marquer à quatre reprises, dont trois fois par l'inévitable Villa, devenu le meilleur buteur de l'histoire de la « Roja » en Coupe du monde. L'énigme Ronaldo Si elle a perdu un peu de son lustre de favorite no1 d'avant-tournoi, l'Espagne conserve les faveurs des pronostics pour son statut de champion d'Europe, son jeu à la « barcelonaise » et la qualité de son milieu de terrain, même si Xabi Alonso est incertain après une entorse contre le Chili (2-1) et que le Portugal est également bien pourvu dans ce secteur avec un épatant trio Raul Meireles-Pedro Mendes-Tiago qui rendrait Deco presque inutile. Mais le Portugal n'a aucun complexe à avoir. « Nous n'avons pas du tout peur. Nous aussi, nous avons une grande équipe ! », souligne l'attaquant Simao, qui postule à une place de titulaire, alors que Danny est très incertain. « L'Espagne aime tenir le ballon, mais ce n'est pas toujours l'équipe qui a le ballon qui gagne », rappelle-t-il. Exactement, ce dont les Espagnols avaient fait l'expérience contre la Suisse, avec 63% de possession de balle, 12 corners (contre 3) et 24 tirs au but (contre 8) pour une défaite au bout du compte. Et il faudra aussi que l'armada espagnole se souvienne que c'est en Afrique du Sud qu'elle a coulé deux fois en près de quatre ans, contre les Etats-Unis en demi-finale de la Coupe des Confédérations, il y a un an, et face à la Suisse. Si avantage du terrain il doit y avoir, il sera d'ailleurs pour le Portugal, qui a déjà passé sept buts à la malheureuse Corée du Nord dans ce stade et qui peut compter sur une forte colonie de Sud-Africains d'origine lusitanienne. La Selecçao doit toutefois prier pour que son étoile Ronaldo retrouve son jeu et ses jambes (1 but depuis le début du tournoi). Le sélectionneur Carlos Queiroz a beau penser que « le meilleur Portugal est encore à venir », il doit surtout espérer que le meilleur Ronaldo est à venir. Car sans cette étincelle, l'affaire sera compliquée.