«J'ai instruit aujourd'hui le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, d'élaborer un projet de loi criminalisant toute forme de racisme, de régionalisme et autre forme de discours de haine dans le pays, notamment à travers les réseaux sociaux», avait tweeté le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, envisage de promulguer une loi criminalisant «toute forme de racisme, de régionalisme et discours de la haine». A cet effet, il a instruit son Premier ministre, Abdelaziz Djerad, d'élaborer un projet de loi à ce sujet. «Cette décision intervient après avoir constaté une recrudescence du discours de la haine et de l'incitation à la fitna (discorde), notamment à travers les réseaux sociaux», indique un communiqué de la Présidence, qui ajoute que c'est également pour «faire face à ceux qui exploitent la liberté et le caractère pacifique du hirak (mouvement populaire) pour brandir des slogans portant atteinte à la cohésion nationale». «Tout un chacun est appelé à se conformer à la Constitution et aux lois de la République, notamment le respect des constantes de la nation et ses valeurs, les principales composantes de l'identité et de l'unité nationales ainsi que les symboles de l'Etat et du peuple», conclut le communiqué. «J'ai instruit aujourd'hui le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, d'élaborer un projet de loi criminalisant toute forme de racisme, de régionalisme et autre forme de discours de haine dans le pays, notamment à travers les réseaux sociaux», avait tweeté au même moment le chef de l'Etat. Le communiqué en question intervient au lendemain de l'affaire dite du directeur de la culture de la wilaya de M'sila, qui s'en est pris, sur sa page Facebook, à l'un des symboles de la Guerre de Libération nationale, Abane Ramdane, même si, a priori, cela s'apparente beaucoup plus à une «volonté» de mettre un terme au discours de haine qui a proliféré, sur les réseaux sociaux notamment, ces dernières années, mais surtout depuis le début du mouvement populaire. Un discours raciste et régionaliste porté même par des personnalités publiques connues qui agissent en toute impunité. Il y a quelques jours, la Présidence avait déjà réagi à l'endroit de ceux qui créent de faux profils de responsables de l'Etat. Le pays a-t-il besoin d'une nouvelle loi pour combattre les auteurs de ces dépassements ? Certains n'y voient pas d'utilité, du moment que les propos diffamatoires, racistes ou régionalistes sont déjà pris en charge par les différents textes de loi en vigueur. A titre indicatif, l'article 76 de la Constitution stipule que «l'Etat garantit le respect des symboles de la Révolution, la mémoire des chouhada et la dignité de leurs ayants droit et des moudjahidine». Ceci pour le cas, par exemple, du directeur de la culture de M'sila ou de certaines autres personnalités qui s'en sont pris au moudjahid Bouregaâ en remettant en cause son passé révolutionnaire. Par ailleurs, l'article 295 bis 1 du code pénal indique qu'il «est passible des mêmes peines (emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 50 000 à 150 000 DA, ndlr), quiconque, publiquement, incite à la haine ou à la discrimination envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance raciale ou ethnique ou organise, propage, encourage ou mène des actions de propagande aux mêmes fins». D'autres, par contre, estiment qu'une loi spécifique relative au discours raciste, régionaliste ou de haine, est nécessaire. Tout comme doit être définie avec précision chacune de ces trois notions. En tout cas, il faut attendre la promulgation de ce projet de loi pour voir comment les pouvoirs publics comptent combattre les discours de la haine, notamment sur les réseaux sociaux.