L'Algérie confirme sa vocation de pays où le racisme et les discours de haine n'ont pas leur place. Cette vocation est enseignée dans l'école algérienne. Mais des faits récents ont fait ressortir qu'il manquait une loi pour empêcher le virus du racisme et des actes connexes de s'incruster chez nous. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, vient d'instruire le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, d'élaborer un projet de loi criminalisant toutes formes de racisme, de régionalisme et du discours de la haine dans le pays, a indiqué hier un communiqué de la présidence de la République. «Cette mesure intervient après avoir constaté une recrudescence du discours de la haine et de l'incitation à la fitna (discorde), notamment à travers les réseaux sociaux», explique la même source, ajoutant qu'elle intervient aussi dans le but «de faire face à ceux qui exploitent la liberté et le caractère pacifique du Hirak (mouvement populaire) pour brandir des slogans portant atteinte à la cohésion nationale». «Tout un chacun est appelé à se conformer à la Constitution et aux lois de la République, notamment le respect des constantes de la Nation et ses valeurs, les principales composantes de l'identité et de l'unité nationales ainsi que les symboles de l'Etat et du peuple», conclut le communiqué de la présidence de la République. Ce communiqué est significatif de la volonté politique officielle de ne pas laisser de brèches d'où pourraient passer et, plus grave, prendre racines dans le pays, un discours et des comportements qui tendent à nourrir la haine dans la société, sur une base raciale ou régionaliste ou autre. Le projet de loi attendu vise à «criminaliser toutes formes de racisme, de régionalisme et du discours de la haine dans le pays», autrement dit rendre passible l'auteur de telles actions, de la juridiction criminelle et non pas de la juridiction civile ou correctionnelle. Le délit devient un crime. Les individus qui ont l'habitude de s'exprimer en public, dans les médias et sur les réseaux sociaux avec la plus grande légèreté du monde, comptant sur la mansuétude de la loi ou mieux pour eux, sur l'impunité totale, sont avertis. S'ils tiennent des propos racistes, régionalistes ou susceptibles de susciter la haine dans la société, ils risquent une lourde condamnation. Sont également avertis, les extrémistes qui s'infiltrent dans le hirak et qui oublient qu'ils sont tenus de se conformer aux dispositions de la Constitution et de la loi, et profitent du caractère pacifique de ce mouvement populaire, protégé par la police, pour se laisser aller facilement à l'insulte contre les symboles de l'Etat et du peuple, ou lancer des slogans ou porter des banderoles qui touchent aux constantes de la Nation et à ses valeurs, et aux principales composantes de l'identité et de l'unité nationale. Concernant les médias, le Code de l'information dans ses dispositions générales a mis des barrières contre le racisme dans l'article 5 qui stipule que l'exercice des activités d'information participe, notamment à «la promotion des principes du régime républicain, des valeurs de la démocratie, des droits humains, de la tolérance, du rejet de la violence et du racisme». Dans son chapitre sur l'éthique et la déontologie, le Code de l'information est plus précis dans l'article 92 qui dispose que dans l'exercice de l'activité journalistique, le journaliste doit entre autres, «s'interdire de faire de façon directe ou indirecte l'apologie du racisme, de l'intolérance et de la violence». La lecture attentive et approfondie de la Déclaration du 1er novembre 1954 permet d'en saisir une des dimensions humanistes exprimées par les dirigeants du FLN à travers la caractérisation du but qu'ils ont fixé: «l'indépendance nationale par le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions». L'Algérie a adhéré en décembre 1966, un an après son adoption, à la Convention Internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et l'a ratifiée en février 1972. Les principales dispositions de cette Convention avaient été intégrées dans la Constitution algérienne du 23 février 1989. La Constitution stipule dans son article 32 que «les citoyens sont égaux devant la loi, sans que puisse prévaloir aucune discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d'opinion ou de toute autre condition ou circonstance personnelle ou sociale». Les observateurs étrangers qui connaissent bien l'Algérie, savent que les pratiques relevant de la discrimination raciale sont inconnues de la société algérienne.