L'attaquant paraguayen Roque Santa Cruz, dont l'inefficacité devant le but depuis le début du Mondial, symbolise les difficultés en attaque de l'Albirroja, n'en fait pas une obsession mais espère retrouver le chemin des filets aujourd'hui contre l'Espagne en quart de finale. Ne pas avoir encore marqué dans le tournoi « ne m'inquiète pas réellement », assure Santa Cruz, qui nuance : « Le plus important est de se créer des occasions de marquer. » Pourtant, le porte-drapeau de la sélection guaranie a entamé à 28 ans sa troisième Coupe du monde d'affilée avec le lourd costume d'artilleur principal de l'équipe, en l'absence de Salvador Cabanas, le meilleur buteur des qualifications (6 buts), blessé par balle à la tête en janvier. Un costume qu'il a longtemps porté seul en sélection ces dix dernières années (21 buts en 74 sélections). Tout comme celui d'ambassadeur en Europe – au Bayern Munich principalement – d'un football paraguayen jusqu'alors plus réputé pour sa rigueur défensive que pour sa fantaisie offensive. Chassez le naturel, il revient au galop : depuis le début du tournoi sud-africain, le Paraguay a encaissé un seul but et n'a inscrit en tout et pour tout que trois buts en quatre matches. Par le défenseur Alcaraz contre l'Italie (1-1) et par les milieux Vera et Riveros contre la Slovaquie (2-0). « Notre jeu repose sur un fort pressing avec des attaquants qui défendent beaucoup. Du coup, n'importe qui dans l'équipe peut marquer », se défend le buteur paraguayen. Saison tronquée Santa Cruz, qui n'a pas débuté contre la Squadra Azzurra, a ensuite été titularisé à chaque fois, notamment lors du 8e de finale remporté aux tirs au but (5 à 3, 0-0 a.p.) contre le Japon. Et que ce soit aux côtés de Nelson Valdez, en soutien de Barrios ou de Cardozo, le buteur a souffert : en 296 minutes jouées, le joueur de Manchester City n'a pas marqué. Pire, il n'a tiré que cinq fois au but. Outre un manque évident de rythme et de compétition dû à une saison tronquée par des blessures, Santa Cruz paye un déficit de complémentarité avec des coéquipiers qu'il a peu côtoyés durant les qualifications au Mondial, puisqu'il n'a pris part qu'à cinq des dix-huit rencontres du Paraguay. Ce qui ne l'a pas empêché d'apporter une importante contribution à la 3e place de l'Albirroja dans ces qualifications, avec cinq buts marqués, dont un qui a ouvert la voie d'une victoire importante et de prestige contre le Brésil à Asunción (2-0). Et pour ce nouveau grand rendez-vous avec l'histoire paraguayenne que constitue le quart de finale contre l'Espagne, aujourd'hui à l'Ellis Park de Johannesburg (19h30), Santa Cruz se veut résolument optimiste. « Nous avons l'habitude de ce genre de match dans notre Confédération contre des équipes comme le Brésil ou l'Argentine », justifie-t-il, conscient du statut de favori de la Roja contre laquelle « il ne faudra pas se retrancher en défense ». Santa Cruz aura sûrement à cœur de se montrer enfin de nouveau décisif contre le champion d'Europe 2008, car le Paraguay, aussi solide soit-il défensivement, ne pourra peut-être pas compter uniquement sur une nouvelle séance de tirs au but.