Les collections masculines pour l'été prochain ont montré vendredi une facette plus sobre, parfois jusqu'à l'épure. Mais le luxe de ce prêt-à-porter, ses matières et ses volumes n'évoquent pourtant rien de monacal, malgré la profusion de strictes sandales. Ascétique et sauvage à la fois, le styliste italien, Riccardo Tisci, a créé pour Givenchy (France) un homme en bermuda-jupe, dont le visage est parfois caché dans un masque en cuir qui entoure toute la tête, avec un grillage au niveau de la bouche et des yeux, façon insecte à muselière. Noir, blanc et beige mais aussi en imprimé panthère, il décline costumes-pantalon ou jupe-short, un pan lisse devant et deux fuseaux derrière. Le styliste belge Dries Van Noten, a introduit une dimension punk, avec des jeans grossièrement délavés, à la sobriété qui le caractérise. Sa collection urbaine s'imaginait aisément quitter le défilé pour la rue. « J'ai largement intégré la culture de la rue, avec le côté brut, un peu rude de New York, mais aussi des éléments du Londres des années 1970, son mouvement punk et l'élégance des costumes en soie de la même époque à Paris », a expliqué le couturier. Il a introduit plusieurs trompe-l'œil : des manteaux qui ressemblent à du tweed sont tissés en lin et nylon pour l'été, et « les bottines qui ont l'air costaud sont en fait toutes légères ». Des empiècements exagérés sur les coudes ou à l'intérieur des mollets et des chemises blanches éclaboussées de couleurs vives, un effet « projections de peinture » aperçu aussi chez Gaultier et Kris Van Assche. Moderne et minimal à la japonaise, le Brésilien Gustavo Lins, architecte de formation, a présenté une première collection masculine très applaudie. D'une toute petite galerie du Marais, son défilé a débordé sur la rue. Des mules nouées aux pieds, les mannequins montrent des vestes souples en lin blanc et des modèles audacieux aux couleurs claires, avec des touches de vert néon. Le styliste a retravaillé aussi le kimono traditionnel en tunique ouverte ou en gilet.