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Littérature française et guerre d'Algérie : Quand la parole ouvre d'autres horizons
Publié dans El Watan le 05 - 07 - 2010

En France, l'année littéraire a été prolixe en bons romans français qui donnent un autre regard sur la guerre d'Algérie. A l'orée de la saison estivale, et pour marquer le 5 Juillet 2010, Fête de la jeunesse et 48e anniversaire de l'indépendance, en voici un florilège.
Lyon. De notre correspondant
Alors que l'Algérie s'apprêtait à célébrer les 48 bougies de sa souveraineté, la mort de Bigeard, l'une des plus tristes figures de la soldatesque coloniale, sonnait comme un pied de nez à l'histoire. Il faisait partie de ceux qui n'ont jamais voulu reconnaître l'abjection des méthodes guerrières employées, sur le terrain du combat ou celui du renseignement, avec le honteux recours à la torture. Heureusement, de plus en plus la parole se libère... Comme par exemple l'excellent roman de Laurent Mauvignier Des Hommes, (Ed. de Minuit) qui avait failli obtenir le prix Goncourt 2010, tant sa qualité littéraire ne fait aucun doute. Il y a peu, l'éditeur Barzakh a eu la riche idée de le rendre accessible au public algérois.
La fluidité du style et l'originalité de la narration ne doivent surtout pas cacher qu'il est l'un des rares livres publiés en France qui mettent le doigt là où cela fait mal : les exactions de l'armée française et l'inhumanité d'un combat de trop. Cet engagement a été vécu pendant des décennies après leur démobilisation comme une souffrance par les jeunes appelés français détruits par une guerre qui ne disait pas son nom. Cet ouvrage compte parmi plusieurs bonnes livraisons, parues depuis l'automne. Il faudrait ainsi donner une mention spéciale à l'énorme livre de Jean-Michel Guenassia, Le Club des incorrigibles optimistes (Editions Albin Michel). « La littérature, écrit l'auteur, ce n'est pas des histoires, il y a un fond de vérité. » Là, il y a en a plusieurs. Sur fond de dissidents d'Europe socialiste des années 50, la guerre d'Algérie s'invite dans une France à la recherche d'elle-même. Sous l'œil d'un adolescent, fils de rapatriés d'Algérie, cette page de l'histoire se déclinera lorsque son frère, appelé sous les drapeaux en Algérie, décide de déserter.
Il l'explique dans une lettre à sa fiancée : « Hier, je suis devenu une merde, comme les copains. J'ai tué un homme que je ne connaissais pas. Je l'ai aligné dans mon viseur et j'avais le choix. Tirer ou ne pas tirer ? Il ne se doutait de rien. Je me suis demandé ce qu'il pensait, quelles étaient ses opinions, s'il était pauvre ou riche, s'il avait des parents, une femme, des enfants. Je n'avais aucune réponse à ces questions. Il avait le tort d'être un fellagha et j'ai tiré. A près d'un kilomètre, sa tête a explosé. On en a eu huit, mais ça ne changera rien. » Guenassia décrit bien la prise de conscience qui mène au questionnement et aux évolutions politiques d'où naîtront les événements « révolutionnaires » de mai 1968, dix ans après la débâcle indochinoise et le retour du général de Gaulle qui mit fin à la guerre de trop, celle d'Algérie. Un autre beau livre est paru cette saison aux éditions Sabine Wespieser, La Solitude de la fleur blanche, par Annelise Roux. Comme les auteurs précédents, elle est trop jeune pour avoir connu la période de la guerre. Cela ne l'empêche pas d'en livrer un regard subtil et interrogatif sur des origines incertaines d'une fille de pied-noir : « Nous venions de nulle part, d'un trou noir mental appelé Algérie, nous étions louches, sans le sou, dénués de qualification particulière, des prolétaires ayant été jetés sans le moindre égard, jetés dehors de qu'ils considéraient être chez eux »... Plus loin, elle confie : « Je ne suis pas certaine alors que nous n'avons rien à nous reprocher. »
Ce témoignage littéraire, d'une beauté parfois déchirante sur la bonne conscience et la pesanteur de la nostalgie, sentiments tellement humains, se conclut par cette belle phrase : « L'accoutumance ne vaut guère en matière de douleur. » Les années ne font rien à l'affaire, et on ne perd rien à le reconnaître, en ce 5 juillet 2010.Il faudrait dire aussi un mot du roman La Citerne, de Marc Bressant (Ed. de Fallois, Paris). L'auteur a eu vingt ans en Algérie. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'il livre son regard sur ce qu'il a vécu, alternant fiction et réalité dans un camp de montagne à la frontière algéro-tunisienne. Contrairement aux autres récits du genre, celui-ci ne se cantonne pas dans la vie du fortin français, mais donne à entendre les revendications algériennes, comme rarement elles figurent dans les films ou romans français dans lesquels on oublie trop souvent l'ennemi d'en face. Destiné à un public français d'abord, et à ce titre, ce regard circulaire d'un angle à l'autre du conflit ouvre des perspectives nouvelles pour le comprendre.
Il est utile de mentionner le roman d'amour époustouflant d'un officier français et de sa femme dans l'Alger de la Bataille d'Alger, une histoire tracée par Françoise de Martinoir : L'Aimé de juillet (Editions Jacqueline Chambon). Avec en arrière fond les tourments des luttes antagonistes, dont celle des officiers pour maintenir l'Algérie française, l'héroïne vit son irréelle passion dans un rêve, reconnaissant finalement : « En Algérie, la paix avait été faite sans qu'on eût jamais parlé de guerre, la France prospère voulait oublier... » A propos de prospérité, on doit enfin citer Jean-Claude Clabaut qui offre Les étrangères (Ed. Ravet Anceau) une histoire pendant la guerre d'Algérie dans le Nord-Pas-de-Calais, pays minier, où immigration algérienne et polonaise arrose de sueur la reconstruction française. Qui déjà promettait « du sang, de la sueur et des larmes ?… »


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