La grande partie des bidonvilles de la commune de Bologhine est située dans un gigantesque site connu sous le nom de la « caserne ». Outre les nouvelles baraques et les vieilles constructions réalisées à l'intérieur même de cette ancienne caserne, des centaines d'autres taudis ont poussé sur ses flancs comme des champignons. Des anciens et de nouveaux habitants peuplent cette cité composée de plus de 700 baraques. Le nombre des résidants s'élève à plusieurs milliers. Tous attendent un éventuel relogement qui tarde à voir le jour. Pourtant, se plaignent-ils, ils devraient être les premiers à bénéficier des programmes de logement réalisés par les autorités publiques. Après tant d'années passées dans cet espace, qui ni par son architecture, ni par sa vocation n'est fait pour y vivre en famille. les habitants affichent leur ras-le-bol et expriment le souhait de voir leurs enfants évolués dans un milieu plutôt « civil », ironise un résidant. « Nous essayons de nous organiser et d'entretenir des rapports de bon voisinage, mais l'anarchie et l'illégalité fait partie de notre vie quotidienne » s'indigne un homme d'un certain âge. Le minimum de commodités y est certes assuré, tels que l'électricité, l'eau et le transport, mais la précarité demeure la caractéristique saillante de la vie des habitants de la caserne de Bologhine. Ceux qui ont occupé les lieux depuis l'indépendance se sentent « abandonnés », alors que les nouveaux arrivés des différentes wilayas réclament le droit à des logements décents, d'autant qu'ils ont été recensés et habitent les lieux depuis plus de 20 longues années, pour certains. Nos interlocuteurs reconnaissent que des nouveaux venus et des cas de vente de terrain et de baraques y ont été enregistrés. « Mais cela ne devrait pas expliquer le retard accusé pour notre relogement, les autorités ont les noms des vrais nécessiteux », se plaint un citoyen. Mais il n'y a pas que les humains qui souffrent dans ce site situé sur les hauteurs de Zeghara. Les visiteurs de cette caserne bidonville seront frappés par la dévalorisation qui frappe, tel un mauvais sort, un endroit censé constituer un lieu de détente et de repos aux Algérois. En fait, cet espace montagneux, donnant sur la mer et côtoyant la basilique Notre Dame d'Afrique, mérite d'être valorisé et conservé. Hélas, les centaines de baraques qui l'entachent, les eaux usées déversées en pleine nature et la mauvaise image qu'il donne de la capitale. les taudis de la caserne restent un point noir dont l'ampleur est telle, qu'elle « est la préoccupation principale » de l'assemblée élue. Rencontré, il y a quelques jours, dans son bureau, le P/APC, Hammache Yazid, nous a affirmé que ce bidonville comporte « plus de la moitié des taudis de la commune. Il suffit qu'il soit éradiqué et les habitants relogés, pour qu'une grande partie du problème des bidonvilles soit réglé à Bologhine ». Il a indiqué avoir saisi les services de la wilaya. Lors de la campagne électorale, le P/APC ainsi que tous les autres candidats ont promis « de nous reloger », nous confie un habitant. Pourtant, depuis lors, ils attendent, en vain, leur part des milliers de logements réalisés ou en cours de construction au niveau de la capitale. « Espérons que nous seront programmés pour les prochaines opérations de relogement », souhaite-t-on à la caserne.