Pas moins de 800 familles habitant sur les hauteurs de Zeghara, dans la commune de Bologhine, sont menacées cet hiver par des inondations. Nichées sur le versant donnant sur la mer, les baraques du bidonville, construites de parpaings et de tôles ondulées, risquent d'être emportées par les eaux à la moindre averse. L'année passée, le pire a été évité de justesse, suite à l'effondrement de trois baraques qui ont cédé face à la force du vent et de la pluie. En guise de solution, « l'APC a proposé aux sinistrés de reconstruire leur taudis, sans plus ! Il a fallu qu'on leur fasse une quête en l'absence d'aides de la part des autorités publiques », racontent des résidants. Chaque année, durant la saison hivernale, « on passe des nuits blanches à cause des risques d'inondations », nous confient-ils. Hormis le centre de transit La Caserne, les autres sites demeurent dépourvus de réseaux d'assainissement et d'évacuation des eaux pluviales. Une priorité à laquelle les services de l'APC ne semblent pas accorder beaucoup d'intérêt, pourtant la menace est réelle. Si la peur ronge les habitants en hiver, à l'approche de l'été, les pères de familles craignent plutôt les risques de MTH, d'infections et les moustiques. La majorité des taudis, indiquent-ils, ont des fosses septiques pour dégager leurs eaux usées. Ainsi, avec la menace d'inondations, des milliers d'âmes évoluent dans une atmosphère nauséabonde le reste de l'année. A part l'eau et l'électricité, dont le branchement a été effectué légalement par certains et illégalement par d'autres, le gaz reste indisponible. Les habitants ne comptent pas le réclamer, « c'est un luxe », estiment-ils. La revendication de leur relogement n'aboutit toujours pas, malgré les promesses qui leur ont été faites par les exécutifs précédents. Durant la dernière campagne électorale, l'actuel maire s'est engagé à les reloger dans les plus brefs délais, hélas, « depuis, il n'a jamais remis les pieds ici », révèle un jeune homme, la trentaine à peine dépassée. Les premières familles, qui ont construit leurs baraques sur le mont de Zeghara, occupent les lieux depuis les années 1980, et des centaines d'autres, qui y ont afflué durant la décennie noire, sont venus pour la plupart de la wilaya de Médéa. Une première opération de relogement a été effectuée en 1985, apprend-on sur place, mais de nombreux bénéficiaires ont réinvesti les lieux. La cause : l'exiguïté des appartements. Des terrains ont été également attribués dans le cadre social, mais plusieurs bénéficiaires se sont désistés. « A l'époque, on ne pouvait pas payer la somme exigée », explique un autre résidant. Actuellement, « des occupants du bidonville, ayant bénéficié de lots de terrains, y ont construit des villas », déclare notre interlocuteur, tout en montrant du doigt des constructions nouvellement réalisées. En fait, force est de préciser qu'à Zeghara des villas somptueuses côtoient des bidonvilles inhabitables . Une partie de leurs occupants sont issus des « brareques », apprend-on auprès des habitants. Ce qui signifie que les habitants du bidonville ne sont pas tous des nécessiteux. « Les vrais pauvres croupissent toujours dans leur taudis et c'est aux autorités de mener leur propre enquête pour séparer la bonne graine de l'ivraie », exigent-ils.