Quelque 330 familles, résidant au bidonville Boumzar, dans la commune de Bourouba, ont été relogées, tôt dans la matinée d'hier. 219 de ses occupants ont été transférés vers des logements sociaux de type F2 et F4, situés aux Eucalyptus, Dar El Beïda et Diar El Afia, alors que les 111 restants seront dirigés vers des chalets à Kourifa (El Harrach), Aïn Taya et à proximité de la RN38. « Les baraquements seront rasés, atteste-t-on, le jour de leur délogement de crainte qu'ils soient réoccupés à nouveau. » Se trouvant sur ce qu'il est convenu d'appeler la « rive gauche » de l'Oued El Harrach, le bidonville, considéré comme l'un des plus anciens de la localité, date de 1932. Un propriétaire a loué des parcelles à des ouvriers, lesquels ont vu leur nombre augmenter. Des opérations de relogement, le bidonville en a connues depuis l'indépendance. Toutefois, à en croire des échos, ceux qui ont été délogés y sont vite retournés réoccuper leur baraquement. Les plus grandes opérations sont celles déclenchées en 1984 et les plus récentes ont touché une partie du site, soit pas moins de 20 baraquements. L'opération de relogement, coiffée par M. Hattab, wali-délégué d'El Harrach et de fonctionnaires de la wilaya, ne s'est pas déroulée sans couacs. A la joie à peine contenue des uns, plus nombreux, répond le ressentiment des autres. Ceux-ci n'ont pas hésité, d'ailleurs, à tirer à boulets rouges sur le comité de quartiers. Lequel, soutiennent-ils, s'est fait fort d'« aider » les autorités locales. Pour les mécontents, « leurs représentants » se « sont sucrés » et ont privilégié leurs proches au détriment des familles nécessiteuses. La tension est montée d'un cran et les jeunes voulaient en découdre. Le renfort des CRS les en a empêchés. Quelques jeunes, visiblement remontés, ont pris ainsi à partie le wali délégué d'El Harrach, lui reprochant de ne pas « trop s'occuper de leur devenir après le relogement ». Pour M. Hattab, leur séjour ne dépassera pas les 6 mois. « Les sites de chalets sont raccordés, d'après lui, à l'énergie électrique et au réseau d'AEP. » Quant aux critères arrêtés, un conseiller du wali d'Alger nous fera savoir, ce sont « l'ancienneté et le nombre de personnes au sein de la famille ». Toujours selon lui, quelque 75 recours ont été enregistrés au niveau des commissions installées à cet effet. Pour certains, il s'agirait de parents du quartier mitoyen. Toutefois, d'autres recours sont plus sensés. « Nous procéderons dans le respect de l'équité », dit-il. Et d'ajouter : « Des opérations sont en cours et se dérouleront en parallèle avec le relogement des sinistrés dont le dossier est déjà ficelé. » Les sinistrés se trouvant « hors chalets » bénéficieront de logements, se contentera-t-il de nous affirmer. Pour lui, l'espace dégagé, soit quelque 2 hectares, servira à la réalisation de nouveaux logements sociaux ou sociaux-participatifs. Ces nouvelles constructions seront dotées, à l'en croire, d'équipements nécessaires. Pas moins de 30 bidonvilles ont été éradiqués depuis 2005, fait-on savoir. Devant se conformer à l'environnement urbanistique, les constructions seront, selon le directeur du logement, remplacées par des « infrastructures de loisirs ». Le président de la République s'est voulu ferme concernant les habitats précaires. Aussi, sa rencontre avec le wali a été le prélude à une réflexion sur la nécessité d'une politique « nationale concertée pour leur éradication ». D'ailleurs, un rapport final de « la gestion des villes et amélioration urbaine » a été adopté lors de cette rencontre. Plus de 400 000 baraques ont été recensées à l'échelle nationale. Les 40 000 taudis au niveau de la capitale accueillent, à eux seuls, plus de 200 000 occupants. De 2000 baraques en 1966, leur nombre a atteint 25 000, au milieu des années 1980. Leur nombre atteindra, à la faveur de la décennie noire 23 000 en 1998.