Amara Benyounès, secrétaire général de l'Union pour la démocratie et la république (UDR), parti créé en juillet 2004, est contre « l'approche d'Ouyahia » dans la gestion de la crise de Kabylie, selon laquelle il y aura uniquement de nouvelles élections au niveau des Assemblées locales. Invité hier du forum hebdomadaire d'El Youm, M. Benyounès revendique des « élections générales » après la dissolution de toutes les Assemblées, y compris l'Assemblée populaire nationale (APN). « Le taux de participation le plus faible a été enregistré lors des élections législatives. Il est presque insignifiant », a-t-il justifié, avant de préciser que le règlement de la crise de Kabylie ne doit pas se limiter à la réorganisation des élections anticipées. A ses yeux, l'APN ne reflète pas le crédit de 85% dont a bénéficié le président de la République lors de la présidentielle du 8 avril 2004. Et le président Bouteflika se méfie des députés. Cela, selon lui, est apparent lorsque le Président a recouru à l'ordonnance pour faire passer l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures et celui du code de la famille. Une telle situation peut, d'après lui, justifier la dissolution de cette Assemblée. Selon M. Benyounès, si l'UDR exige des élections générales, c'est pour permettre d'abord aux partis politiques de mesurer leur « poids politique ». Revenant sur l'amnistie générale, l'ex-ministre de la Santé réitère son soutien au projet du président Bouteflika. « Je suis d'accord sur le principe de l'amnistie générale, mais j'attends le contenu de ce projet », a-t-il déclaré, rappelant que l'amnistie est le résultat d'une situation selon laquelle le « terrorisme est vaincu ». M. Benyounès se considère parmi les rares hommes à soutenir politiquement le Président. Il critique à l'occasion l'Alliance présidentielle, en lui reprochant d'avoir voulu accaparer la victoire de Abdelaziz Bouteflika le 8 avril 2004. « L'Alliance avait participé à la réalisation de cette victoire, mais Bouteflika a été réélu par les citoyens algériens », a-t-il indiqué. Brossant un constat peu reluisant de la situation économique du pays, gangrenée par le trabendo et la corruption, M. Benyounès défend l'option du Président pour l'ouverture du marché et la privatisation du secteur public, tout en louant ce qui a déjà été réalisé jusque-là. Abordant les amendements du code de la famille, M. Benyounès qualifie d'« avancée » ce qui a été réalisé jusque-là, tout en continuant à revendiquer son « abrogation ». Le numéro un de l'UDR estime également que le sommet arabe fut une « grande réussite du fait déjà que les dirigeants arabes sont venus ». A une question sur le refus des autorités de reconnaître d'autres syndicats en dehors de l'UGTA, M. Benyounès trouve que cela est « inadmissible ». « Le pluralisme syndical, comme en politique, doit exister », a-t-il clamé. S'agissant de la situation des libertés en Algérie, M. Benyounès déplore que des journalistes soient emprisonnés. « Benchicou en prison, c'est une catastrophe. Mais il faut dire aussi que son entourage l'a bien lâché », a-t-il souligné.