Au moins un des films formant la première trilogie de la saga Star Wars, c'est-à-dire les épisodes IV (Un nouvel espoir), V (L'Empire contre-attaque) ou alors VI (Le Retour du Jedi) sortis entre 1977 et 1983, a été projeté sur les grands écrans en Algérie à l'époque. Depuis, on a assisté à l'agonie des salles obscures et l'ambiance qui allait avec, mais aujourd'hui, avec un certain regain d'intérêt, remarquable dans certaines grandes villes algériennes à l'instar d'Oran (salle Es Saâda, ex-le Colisée), c'est le tout dernier épisode intitulé L'Ascension de Skywalker de la troisième et dernière trilogie qui est projeté dans le sillage des initiatives de l'ONCI et dans la même période que sa sortie mondiale à partir du 20 décembre. Le succès mondial (il faut néanmoins relativiser en fonction des aires culturelles) de Star Wars était et reste important, même si plus de quarante ans séparent la première sortie du premier opus, dans des conditions et avec un pari qui n'était pas du tout gagné d'avance, de ce dernier film qui clôt définitivement cette saga familiale, celle des Skywalker. L'œuvre, hormis une avancée remarquable dans le domaine des effets spéciaux, posait un regard nouveau sur l'univers cinématographique de la science-fiction et les suites à donner à la première trilogie étaient déjà prévues au tout début de l'aventure par son créateur, le réalisateur américain Georges Lucas. Dans l'imaginaire du cinéaste, certains faits collent avec les découvertes astronomiques, à commencer par le fait que l'intrigue se déroule dans une «galaxie» lointaine. Ce qui est facilement admis à son époque ne l'était pas forcément à peine quelques décennies plutôt. En effet, il fallait attendre les années 1920 pour qu'on découvre grâce principalement à l'astronome américain Edwin Hubble que certains points lumineux dans le ciel sont en réalité des galaxies formées elles-mêmes de milliards d'étoiles ou même des amas de galaxies mais qui sont tellement loin de nous, c'est-à-dire de la Voie lactée, notre galaxie qu'on croyait auparavant être la seule à former l'univers visible. Aujourd'hui encore, avec la course à la découverte en nombre croissant d'exoplanètes, on se souvient que parmi les mondes qui peuplent l'univers de Star Wars, certains sont illuminés par deux soleils, fait plausible avec la découverte aujourd'hui de systèmes gravitant autour d'étoiles binaires. Du voyage à la Lune de Jules Vernes, on est passé à des pérégrinations se déroulant aux confins d'un univers nettement plus lointain jamais imaginé auparavant et c'est l'aboutissement d'un processus qui fait que la vision qu'on a du monde n'a cessé et ne cesse de s'élargir autant dans la réalité que dans la fiction. C'est un conte censé être raconté aux humains terrestres mais narrant des péripéties qui n'ont aucun lien avec la Terre et c'est comme un conte traditionnel faisant référence à une «époque» mais surtout à «un royaume» lointains sauf que là on est dans les mêmes repères géographiques. Le point commun réside cependant dans la dichotomie entre les notions de bien et de mal mais aussi dans tous les aspects de la vie culturelle, sociale et politique des mondes décrits avec les mêmes jeux d'alliances, les mêmes luttes pour le pouvoir, les mêmes combats pour la liberté, les mêmes batailles pour la survie (brigandages, contrebandes, etc.), les mêmes remises en cause des ordres établis avec les tendances à se mettre hors la loi ou à fomenter des rébellions, etc. Sur fond de technologie avancée évoluent des sociétés multi-espèces (comme un écho à la diversité des sociétés humaines) réunies dans un ordre galactique républicain fragile et par ailleurs menacé par les rêves d'empire de certains protagonistes. Si des raccourcis sont pris pour trouver des allusions au nazisme ou aux systèmes totalitaires, l'allusion vaut aussi pour le propre pays de l'auteur, c'est-à-dire une Amérique qui veut dominer le monde de manière unilatérale. Quoi qu'il en soit, au milieu de tout cela, l'auteur du scénario intègre l'existence d'une force d'origine mystérieuse dont sont investis les «Jedi» et qui est mise en valeur grâce aux enseignements prodigués par une espèce énigmatique qui en détient le secret à l'exemple du personnage de maître Yoda. Une certaine sagesse, comparable aux doctrines orientales qui misent sur la force de l'esprit pour maintenir le bon équilibre du monde. Là aussi, il n'est peut-être pas tout à fait inutile d'évoquer un lien avec le réel et l'existence probable suggéré par les cosmologistes contemporains d'une énergie sombre qui semble présider au mouvement de l'univers. Cependant, dans la fiction, un côté sombre de cette même force existe et il orienté vers le mal lequel est personnifié essentiellement mais pas seulement par le personnage du seigneur «Sith» Palpatine et dont le seul objectif et d'asseoir un empire avec un pouvoir absolu. C'est dans ce contexte global qu'émergent des personnages gravitant autour de la famille Skywalker. D'abord Luke (Mark Hamill) et Leia (Carrie Fisher), frères jumeaux rangés du côté lumineux de l'univers et qui découvrent le basculement de leur propre père dans le côté obscur, le redoutable Dark Vador né Anakin Skywalker. Ce basculement ne sera révélé et expliqué dans ses détails que dans la trilogie suivante dénommée «prélogie» et ses épisodes I (La Menace fantôme), II (L'Attaque des clones) et III (La Revanche des Sith) réalisée entre 1999 et 2005. Cette partie raconte entre autres la chute graduelle de la République galactique et l'instauration de l'ordre impérial par les seigneurs Sith et leurs alliés dont Anakin Skywalker (interprété enfant par Jake Loyd et jeune homme par Hayden Kristensen) qui était pourtant parmi les êtres positifs sensibles à la force et par ailleurs entraîné par le chevalier et maître Jedi, Obi-Wan Kenobi (Ewan Mc Gregor) avant de basculer du côté sombre et tomber entre les mains du futur empereur Palpatine surnommé Dark Sidious (Ian Mc Diarmid). C'est un duel féroce entre lui et son maître Jedi qui causera sa chute, laissé presque mort sur cette planète volcanique (Mustafar) aux allures d'enfer avant d'être repêché in extremis et ressuscité sous une nouvelle carapace par l'esprit du mal à qui il a fini par prêter allégeance. Au même moment, ses enfants nés de son union avec Padme Amidala (personnage-clé de cette trilogie) qu'il ne verra pas naître seront séparés et envoyés grandir chacun dans un monde à part. Ce sont eux qui deviendront les héros de la trilogie principale au même titre que d'autres personnages marquants à l'exemple de Han Solo et son ami Chewbacca ou même du robot R2-D2, du droïde C3-PO et bien d'autres encore. Les événements de la troisième trilogie et ses épisodes VII (Le Réveil de la force), VIII (Les derniers Jedi) et IX (L'ascension de Skywalker) sont ultérieurs et se déroulent longtemps après que Dark Vador, à l'issue du flamboyant duel de sabres laser l'opposant à son propre fils, ne se sacrifie au final pour le sauver, un geste perçu comme une rédemption. Dans cette partie de l'histoire, avec le temps qui est passé, les maîtres Yoda et les chevaliers Jedi ne sont qu'un lointain souvenir et la force dont ils tirent leur substance s'apparente beaucoup plus à une légende. Historiquement, malgré quelques succès, notamment la destruction de l'étoile de la mort, une arme redoutable pouvant anéantir une planète entière, les forces impériales sous un nouvel ordre sont toujours dominantes et la résistance peine à s'unir. Le fait que beaucoup de temps soit également passé avant de décider de réaliser ces films a permis à certains acteurs d'être redistribués, car ayant eux-mêmes physiquement vieilli et donc en adéquation avec la chronologie de l'intrigue. C'est le cas de Carrie Fisher, de Mark Hamill, de Harrison Ford mais aussi de Billy Dee Williams dans la peau du personnage secondaire Lando Calrissian. Néanmoins, cette partie de la saga raconte l'ascension d'une nouvelle héroïne, Rey (rôle interprété par l'actrice britannique Daisy Ridley) précédemment pilleuse d'épaves de vaisseaux avant de se découvrir peu à peu à la force et d'affronter un autre personnage-clé, Kylo Ren (Adam Driver) passé lui aussi du mauvais côté de la force et qui n'est autre que le fils de Han Solo et de la princesse Leia devenue général dans l'armée rebelle et de laquelle le fils (dénommé aussi Ben solo) a sans doute hérité la force. Rey a grandi presque toute seule, abandonnée sur une planète inhospitalière d'où son caractère particulièrement bien trempé et qui se révèle davantage dans ce dernier opus en étant amenée peu à peu à affronter son propre destin et le secret de ses origines. En 2008 est sorti le premier film dérivé (spin off) de l'univers Star Wars intitulé The Clone wars. Il sera suivi en 2016 par Rogue One et en 2018 par Solo. Ces films ne font pas à proprement parler partie de la saga mais ils y font référence et aident à la compréhension de certains faits et c'est le cas notable dans Rogue One où l'intrigue concerne l'aventure de certains héros réunis pour voler les plans qui ont permis à la Résistance de détruire l'étoile de la mort et donc de sauver des mondes. Dans Solo, le film revient sur la vie et l'ascension de Han Solo, un des personnages-clés de la saga originale et qui a par la même occasion lancé, à son époque, la carrière de Harrison Ford qui en a interprété le rôle. En 1977, Georges Lucas avait misé sur des acteurs relativement peu connus, comme c'est le cas pour Carrie Fisher (Leia). Malgré cela, le succès avait été immédiat avec, cerise sur le gâteau, une fortune amassée grâce à la vente des produits dérivés. Ces spin-off mais aussi les deux dernières trilogies officielles ont été réalisées à un moment où la technologie a également beaucoup évolué dans la fabrication des films grâce notamment aux réalités augmentées et aux possibilités de créer des personnages virtuels. Dans tous les cas de figure, le succès de ces blockbusters a été toujours au rendez-vous avec des recettes cumulées qui dépassent les 10 milliards de dollars, dont plus de la moitié aux Etats-Unis et au Canada. Le tout premier film (Un Nouvel espoir) a généré plus de 775 millions de dollars pour un budget de fabrication de 11 millions. Le record a été atteint avec le premier volet (Le Réveil de la force) de la dernière trilogie avec plus de 2 milliards de dollars de recettes mais pour un budget de 200 millions de dollars. La Force est aussi dans le pouvoir de l'argent.