La Chine réussira-t-elle à contenir la propagation du nouveau coronavirus ? Telle est la question de l'heure qui se pose avec acuité. Des experts en santé publique oscillent entre optimisme et pessimisme, le scénario le plus sombre, affirment-ils, est «une épidémie à l'échelle planétaire». Chaque fois qu'une personne est contaminée, il faut la placer en isolement, identifier ses contacts et les alerter quant aux risques encourus, une tâche qui devient rapidement titanesque à mesure que le nombre de cas augmente. Les autorités chinoises dénombrent désormais 6000 cas de contamination dans le pays, soit plus que l'épidémie du SRAS. La majorité des cas mortels du coronavirus ont été signalés dans la province de Hubei, foyer de l'épidémie, qui a rapporté hier le décès de 27 patients supplémentaires. Les autorités sanitaires de la province ont indiqué que le coronavirus y a causé la mort de 125 personnes au total. L'Association du transport aérien international (IATA) précise être en contact étroit avec l'OMS, au sujet des bonnes pratiques pour ne pas exporter des virus, mais ne prend pas position à ce stade quant à une restriction du trafic international. Individuellement cependant, des compagnies ont sensiblement allégé leurs programmes de vols. Entre le 23 et le 27 janvier, près de 9% des liaisons prévues depuis ou vers la Chine ont déjà été annulées, selon le cabinet Cirium, qui étudie le trafic aérien, cité par l'agence Bloomberg. On apprend en outre que le chef de l'OMS convoque une nouvelle réunion d'urgence aujourd'hui. «J'ai décidé de réunir à nouveau demain (aujourd'hui, ndlr) le Comité d'urgence du règlement sanitaire international sur le nouveau coronavirus (2019-nCoV) pour me conseiller sur la question de savoir si l'épidémie actuelle constitue une urgence de santé publique de portée internationale», a écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus dans un tweet. Il a ajouté : «L'OMS regrette profondément l'erreur dans le rapport de situation de cette semaine, qui a inséré le mot modéré de manière inexacte dans l'évaluation globale des risques du coronavirus. Il s'agissait d'une erreur humaine dans la préparation du rapport. J'ai déclaré à plusieurs reprises le risque élevé de l'épidémie.» La première compagnie allemande Lufthansa a annoncé, hier, la suspension immédiate de tous ses vols vers et en provenance de la Chine continentale, alors que quatre cas d'infection par le nouveau coronavirus ont été détectés en Bavière. Autre conséquence : le géant suédois de l'ameublement Ikea a annoncé, hier, la fermeture «jusqu'à nouvel ordre» de la moitié de ses 30 magasins en Chine afin de contribuer à la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus. La Grande-Bretagne a déconseillé mardi à ses ressortissants de se rendre en Chine, sauf en cas de nécessité. Cette épidémie pourrait atteindre son pic dans une semaine ou dans une dizaine de jours, a estimé Zhong Nanshan, expert chinois renommé dans le domaine des maladies respiratoires, lors d'une interview accordée à l'agence chinoise Xinhua. Zhong est chef d'une équipe nationale d'experts créée pour le contrôle et la prévention de la pneumonie causée par le nouveau coronavirus, et membre de l'Académie d'ingénierie de Chine. «Il y a deux mesures clés pour lutter contre l'épidémie : le dépistage précoce et l'isolement précoce. Ce sont les méthodes les plus primitives et les plus efficaces», a-t-il noté.