La défaillance des autorités publiques dans la gestion de ce nouvel espace d'habitation est flagrante. Bidonvilles, constructions inachevées et somptueuses villas se côtoient, pêle-mêle, à Nouar El Louze, dans la commune de Aïn Bénian. Cette agglomération urbaine, qui constitue le prolongement du chef-lieu de la municipalité, continue d'accueillir de plus en plus de résidants. Propriétaires ou squatteurs, les habitants avouent que cet endroit est le lieu idéal où il fait bon vivre : pas très isolé, spacieux et calme. Il n'empêche que des lacunes sont à relever et des doléances sont exprimées. La défaillance des autorités publiques dans la gestion de ce nouvel espace d'habitation est flagrante. La présence des baraques des bidonvilles et des imposantes carcasses d'immeubles abandonnées, telles que les chantiers de Cosider dont les travaux sont à l'arrêt depuis près de trois ans, donne aux lieux l'image d'une cité plutôt anarchique. Mais à l'intérieur, les soucis des résidants portent sur des détails qui les affectent dans leur vie quotidienne. « Les responsables locaux ne semblent pas beaucoup s'en soucier », regrette un citoyen. A Darouicha, à côté de l'agglomération où les constructions sont légales, des habitants dénoncent le non-bitumage d'une partie de la route qui mène vers leurs demeures. Ils révèlent que les travaux de revêtement de la chaussée effectués depuis près de deux mois ont été axés sur une seule partie de la voie. « Alors que des artères très fréquentées ont été privées de bitume, d'autres moins empruntées ont bénéficié de travaux de goudronnage et de réhabilitation », se plaint un citoyen rencontré sur place. En conséquence, plusieurs dizaines de familles continuent de souffrir de l'état de la route. « Si ce n'est pas la boue en hiver, c'est la poussière en été », se désole un résidant. A Darouicha se greffe le bidonville connu sous le nom de Djenane Nouar Louze. Composée de plus de 200 baraques, cette cité anarchique a commencé à se former à partir de 1985 et le nombre de taudis a augmenté à partir de 1990, a-t-on appris sur place. Les habitants se débrouillent, tant bien que mal pour y mener une vie normale. Les foyers, non raccordés au réseau électrique, sont alimentés à partir des compteurs des voisins, alors que le problème de l'alimentation en eau potable a été réglé depuis que des raccordements illégaux ont été opérés. Les habitants indiquent avoir saisi les autorités concernées pour l'installation de compteurs d'eau. « Faute d'une réponse favorable, nous avons procédé au piratage du réseau », explique un père de famille, ajoutant : « Nous ne sommes pas des voleurs, ce sont les services concernés qui refusent de nous raccorder légalement ». Cependant, la plus grande contrainte à laquelle ils font face au quotidien est celle du transport des voyageurs. Faute d'une ligne directe, les résidants de Djenane Nouar El Louze se trouvent obligés de louer les services de « clandestins », moyennant 70 DA la course. Quant au relogement, les habitants de cette cité bidonville indiquent avoir été recensés à plusieurs reprises. La dernière opération en date était en 2007. Entourés de chantiers en construction, les résidants rêvent d'en bénéficier un jour et quitter les baraques de parpaings et de zinc qu'ils occupent depuis plusieurs années.