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Constructions inachevées : un problème inextricable
Gestion de l'urbanisme
Publié dans Liberté le 01 - 03 - 2010

On construit, avec ou sans permis, désespérant de mettre sa famille sous un toit, quitte à parer au plus pressé, en attendant mieux. Cela donne des constructions qui demeurent inachevées durant de longues années, déparant le paysage urbain ou rural, sans harmonie, ni architecture.
Dès son installation au ministère de l'Habitat, Noureddine Moussa s'est penché sur ce problème précisément.
La nouvelle loi accorde un permis de construire pour une durée de 3 ans, avec une année de prorogation, soit au total 4 ans. À défaut, le permis devient caduc et devra être refait, après deux ans de la fin de la durée de validité.
“Si pour le secteur public, une loi a été mise en place, l'encadrement juridique en direction du constructeur privé laisse à désirer. On devrait contraindre les constructeurs à consulter un architecte, aussi bien pour la réalisation des plans que pour le suivi et le contrôle des travaux de construction”, affirme M. Abdelhamid Boudaoud, expert-architecte.
Selon lui, “le constructeur pourrait, suivant les conseils de son architecte, réaliser sa construction à usage d'habitation par étapes. À chacune des étapes, il pourrait demander le certificat de conformité : rez-de-chaussée, certificat de conformité, premier étage, certificat de conformité, et ainsi de suite, afin d'éviter de se mettre en porte-à-faux par rapport à la loi, et de la sorte, l'administration serait toujours informée de l'état d'avancement de la construction”.
Des lois
La loi 08/15 de juillet 2008 fixe les règles de conformité et de régularisation des constructions. La loi tient compte des constructions bâties sans permis, illicites ou non conformes au plan d'architecture et prévoit la manière de les régulariser.
“Cette loi est pédagogique et culturelle, car elle fait systématiquement appel à l'architecte”, affirme Abdelhamid Boudaoud. Avant d'ajouter : “Malheureusement, le personnel des communes n'a pas encore saisi le rôle de cette loi.” Afin d'illustrer ses propos, l'architecte-expert donne l'exemple de la wilaya d'Alger, qui “englobe 57 communes ; chaque commune interprète la loi comme bon lui semble en exigeant un dossier particulier, et parfaitement différent de celui exigé par la commune voisine. Résultat, de juillet 2008 à ce jour, nous n'avons pu recenser que 1,5 à 2% d'usagers qui ont déposé un dossier de régularisation… alors que, normalement, les usagers devraient se bousculer aux guichets, afin de régulariser leur situation avant l'échéance 2013, dernier délai.” L'architecte a envoyé 3 correspondances au ministre de l'Habitat pour lui “suggérer la tenue d'une journée de recyclage des personnels techniques des communes, en vue d'uniformiser les dossiers de régularisation des constructions. Nous pensons qu'il serait même souhaitable à l'occasion de réaliser le bilan de l'ensemble de l'opération depuis sa mise en œuvre. Hélas, nos correspondances sont restées sans suite”.
Cet expert est convaincu qu'il serait plus que souhaitable de définir au plus tôt une fourchette de tolérance des infractions urbanistiques, “parce qu'il faudra bien, dans un contexte de pénurie de logements, s'accommoder des comportements qui prédominent en attendant mieux : il est difficile de changer les mentalités et les comportements des usagers dans des délais trop courts”.
Un problème ancien
La circulaire, adressée aux membres du gouvernement et aux walis par le président Boumediene le 18 mars 1972, est édifiante : elle constate que des constructions privées et publiques sont réalisées sans permis de construire et parfois sans demande au niveau des communes. “Haouch El-Mokhfi, près de Boudouaou, date de cette époque et il n'est pas le seul exemple. Véritable ville sans la moindre commodité, avec des constructions réalisées sans plan souvent, presque toutes inachevées relativement à l'un ou l'autre aspect (brique nue, absence de peinture, barres de fer à béton rouillées sur la terrasse, etc.), accès difficiles sinon inexistants, espaces publics squattés, trottoirs inachevés, rues boueuses en hiver et poussiéreuses l'été, aucun espace de jeu destiné aux enfants…”. “Même les grandes avenues qui faisaient la fierté d'Alger (rues Didouche-Mourad, Larbi-Ben-M'hidi, boulevard Krim-Belkacem, etc.), le complexe de l'Oref, l'USTHB réalisée par Oscar Niemeyer, n'échappent pas à cette étrange malédiction : ils sont dorénavant ceinturés de hideuses habitations, bidonvilles et autres habitats précaires : El-Djorf, El-Hamiz, Sidi-Yahia, etc., sous le regard complaisant des pouvoirs publics. Une loi ne sort jamais du néant. Elle s'inspire toujours de ce qui existe, elle doit refléter les besoins profonds d'une société, en urbanisme, architecture, esthétique, etc. Il est navrant de constater que nos villes et villages se sont développés anarchiquement, sans cachet architectural ni normes urbanistiques, et surtout sans âme, générant des états anxiogènes chez ceux qui y résident : l'Algérie est l'un des pays qui comptent le plus grand nombre de maladies respiratoires : asthme, etc.”
Sur décision du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, les 1 541 communes d'Algérie disposent d'un architecte chacune et d'un ingénieur en génie civil. Ces éléments doivent maîtriser les deux aspects du problème de la construction : le juridique et le technico-administratif et la chose n'est pas évidente après des années d'inertie. Pour l'heure, pas moins de 12 000 architectes sont inscrits à l'Ordre des architectes, ce qui donne un ratio de 8 architectes par commune. Mais ce n‘est là qu'une moyenne, car les communes les plus recherchées par les architectes pour s'y installer ne sont pas nécessairement celles qui en ont le plus urgent besoin. Reste la gestion de l'espace urbain, qui, elle aussi, laisse à désirer, avec ses constructions inachevées et les chantiers publics qui engendrent embarras de la circulation et drames, ses constructions illicites ou hors normes urbanistiques qui ont phagocyté l'espace urbain et le moindre espace vert. “Or, les normes universelles exigent 10 m2 d'espace vert par habitant dans les villes”, selon Abdelhamid Boudaoud, qui ajoute que “le citadin algérien ne dispose que d'un m2 d'espace vert, alors que le Tunisien jouit de 12 m2, en attendant les 15 m2 promis par les pouvoirs publics pour 2015 !”
Habitat précaire
Ajoutés aux constructions inachevées, les problèmes des habitations précaires viennent compliquer encore plus la donne. Plus de 500 000 habitations précaires sont recensées en Algérie, dont les bidonvilles, les constructions en parpaing, les huttes en roseau et les ksour bâtis en terre et en pisé. Le parc précaire représente 8% du total en Algérie, alors qu'il est de 39% en Egypte et de 32% au Maroc. En Algérie, 60% de cet habitat se trouvent aux abords des villes et 40% en zone rurale. Au cours de la seule décennie 2000, pas moins de 70 000 baraques ont été éradiquées. Mais la solution définitive est loin d'être trouvée puisque très souvent des bénéficiaires de logements revendent les logements et retournent dans leurs baraques. Il existe même un business qui consiste à vendre la baraque de bidonville qui assure un ticket pour le logement. Même des médecins sont parfois passés par le bidonville, avant d'obtenir un logement.
La tension réelle ou provoquée par les barons sur le marché des matières premières vient compliquer la moindre solution pour les hommes de bonne volonté qui continuent d'œuvrer dans les structures publiques gérant le secteur du logement. La flambée des coûts des matières premières, ciment, rond à béton, agrégats, bois, soumis à la spéculation, les grands chantiers publics gros consommateurs de ces matériaux, l'accroissement continu de ces produits au niveau des marchés internationaux empêchent une réelle efficacité et une gestion efficiente des délais, en vue de respecter les délais délimités par un permis de construire. La rareté d'une main-d'œuvre qualifiée vient compliquer le tout, pour aggraver un peu plus le calvaire du constructeur en Algérie. On devra sans doute, et ce, quelle que soit la pertinence des lois, attendre longtemps encore et souffrir la vue des constructions inachevées, avant que n'apparaissent dans le pays des “villes normales”.
Des villes nouvelles portant des noms de rues et de places publiques, au lieu des sempiternels appellations “cité des 250, des 3 200 ou des 2 000 logements”, des rues avec des numéros visibles aussi et des boîtes aux lettres. Car cela aussi, même si on l'a oublié, fait partie de la “finition” d'une cité, au même titre qu'un trottoir, un balcon ou la peinture d'une façade.


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