L'été c'est les vacances après, en principe, une année de labeur. L'été, c'est aussi les moissons, pas seulement celles qu'on entend, de l'agriculture, mais aussi celles de bien d'autres secteurs, par exemple l'éducation et le sport. De quelque côté que l'on tende l'oreille, il n'y a que de bonnes moissons. Cependant, si le compte est bon, l'offre reste toujours dérisoire par rapport à la demande. Les prévisions de la production de céréales tablent sur l'euphorie, comme l'année précédente. La tomate industrielle, on cartonne, nous dit-on… Cependant, la facture de l'importation (des céréales et du concentré de tomates, pour ne citer que ces deux produits) reste toujours de mise, sinon un peu plus salée. On vit carrément quelque part un blocus de fait : pétrole (et gaz) contre nourriture. Au fond, ne serait-ce pas une bonne invention bien de chez nous, de notre système ? Une question s'impose : si, bon an mal an, la nature fait toujours son travail, l'homme s'acquitte-t-il du sien ? Le secteur de l'éducation s'en tire avec une foultitude de lauréats, tous paliers confondus ; c'est la sacro-sainte massification scolaire du bon vieux temps… moins la fraude et le sérieux. Des records, comme dirait l'un, dus au nouveau système éducatif, comme dirait l'autre ! Qu'à cela ne tienne – ces bataillons d'étudiants trouveront sûrement (bien sûr, avec beaucoup de problèmes) leur place pédagogique et aussi leur hébergement – pourvu qu'on puisse allier ce grand nombre avec la qualité de l'enseignement. Ce qui est assurément loin d'être évident. Preuve en est qu'à quelques rares exceptions, nos étudiants ânonnent les langues dans lesquelles ils ont suivi leur cursus. Quant à écrire… L'on a renoué avec la Coupe du monde après 24 ans d'errements. Une bonne moisson, certes, mais à quel prix ! Jamais l'Algérie n'a été autant malmenée, son peuple insulté et la mémoire de ses martyrs bafouée. La moisson des barils a travaillé le sport… de circonstance, le temps de former une équipe. Et de retourner bredouille. Le système n'a pas changé, toujours égal à lui-même, puisque « l'important, c'est la participation ». D'autres moissons peuvent être relevées, celles des scandales de corruption et autres détournements qui finissent à blanc, celles des émeutes… Donc de bonnes moissons qui, malheureusement, restent vaines, puisque la croissance est en deçà des attentes et que le niveau de vie laisse à désirer. Libre à certains de prendre cette réalité pour du pessimisme ou du défaitisme, mais un demi-siècle après l'indépendance, l'on barbote toujours dans la moisson des barils. Tant il est vrai que celle-ci, utilisée comme rente, empêche toujours les autres moissons de prendre de l'essor.