La suspension du président de l'APC de Béjaïa, Aziz Merzougui, dit Hocine, et l'un de ses adjoints et président du comité des fêtes, Youcef Kadri, le 29 janvier dernier, par le wali a provoqué une onde de choc qui a fait sortir avant-hier le FFS dans la rue. Le maire et son adjoint ont été suspendus, pour rappel, suite à leur mise sous contrôle judiciaire par le tribunal de Kherrata dans une affaire relative à la gestion du comité des fêtes de la commune. Des dizaines de manifestants, dont des militants d'autres partis, des représentants du PAD local et des citoyens solidaires, se sont rassemblés devant le siège de la wilaya à l'appel du FFS pour dénoncer ce que l'on pense être des représailles. L'appel n'a pas intéressé cependant tous les élus du parti dont ceux de l'APW ont préféré ne pas y répondre. Aussi, cette action de rue s'est organisée au moment où c'est un élu FFS qui a remplacé le maire suspendu. Tafoukt Abdenour a été installé comme maire intérimaire mardi dernier par le SG de la wilaya. Quatre vices P/Apc n'ont pas tardé à déposer leur démission. Seul l'élu FLN ne l'a pas fait. Le maire intérimaire aura la lourde tâche de composer un nouvel exécutif comptant sur une majorité de 21 élus dont six émargent toujours au FFS malgré l'opposition et la position tranchée du parti dénonçant la décision de suspension du maire et «l'illégalité» de son remplacement. «L'article 72 du code communal est foulé au pied» s'accordent à dénoncer les élus démissionnaires. «Nous ne sommes pas contre l'application de la loi, nous sommes légalistes. Nous sommes contre ce traitement sélectif. Plusieurs élus sont poursuivis en justice dont certains sont condamnés, mais ne sont pas suspendus. Pourquoi suspendre le maire de Bougie et son adjoint ?» a déclaré, face à la foule, Hocine Merzougui. «Parce que monsieur Merzougui n'a pas voulu démolir pour Rebrab ?» s'est-il interrogé, ne doutant pas des mobiles de sa suspension «sélective». «Après mon refus, ils n'ont pas donné suite à ma demande de congé qui est un droit. On me l'a dit clairement : tant que vous n'avez pas exécuté la mission qui vous a été confiée, à savoir la démolition, vous n'aurez pas votre congé» a-t-il révélé, sans identifier le «on». Mais pour les communs des observateurs de la scène politique locale, entre le maire et le wali ce n'est pas la lune de miel. Les points sur lesquels les deux parties s'opposent ont installé un bras de fer qui ne dit pas son nom. L'opposition de Merzougui au projet de transformation des locaux commerciaux en CHU a contrarié les plans du wali. Le «refus» de celui-ci de valider la création d'un Epic communal pour la gestion des déchets ménagers (après le blocage du projet de l'Epic de wilaya) a fortement déplu à l'exécutif communal. Dernière pomme de discorde en date : le blocage du BS (budget supplémentaire) pour cause de sa non validation par le wali qui, selon Merzougui, a demandé à l'exécutif de rallonger de 50 milliards de centimes le budget de la collecte des déchets ménagers. Au sein du FFS et des parties solidaires avec les deux élus suspendus, il y a aussi un lien à faire avec le refus de l'exécutif communal d'encadrer l'élection présidentielle du 12 décembre dernier, convaincus que les élus sont en passe de payer leur rejet du dernier scrutin comme le font certains syndicalistes du SNAPAP. «Seule la rue va créer le rapport de force, il n'y a aucun dialogue avec ce régime. Ils ont fait un coup de force électoral pour normaliser encore les institutions et le peuple algérien. Ils se trompent, une révolution se mène jusqu'au bout. Il faut une deuxième indépendance parce que la dictature doit partir définitivement et on doit entrer dans un ordre démocratique», a déclaré Ali Laskri, coordinateur du présidium du FFS, présent au rassemblement. M. Laskri a plaidé pour la destitution des deux Chambres du Parlement, considérant que «c'est suicidaire» que d'y siéger encore.