Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), non agréé, dirigé par Mohamed Saïd, a tenu à répondre au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, au sujet de l'épineuse question de l'agrément des partis. Lors d'une conférence de presse animée à l'occasion de l'installation du nouveau directeur général de la Sûreté nationale, M. Ould Kablia a expliqué que l'agrément est « un problème politique qui se traite dans un cadre politique et non administratif ». Il a ainsi invité les citoyens qui ont fourni des dossiers à patienter en attendant la promulgation d'une nouvelle loi sur les partis et les associations. Ces propos ont fait réagir le secrétaire général du PLJ qui estime qu'en reconnaissant publiquement que l'agrément de nouveaux partis politiques est une question éminemment politique, le nouveau ministre dément la thèse de son prédécesseur qui, tout au long d'une décennie, a ressassé la théorie du « dossier administratif incomplet ». « Dans les pays démocratiques, le ministre incriminé aurait été sanctionné pour obstruction au fonctionnement normal de l'administration publique », observe le secrétaire général du PLJ, qui pense toutefois que l'argument invoqué d'une « nouvelle loi en préparation » est vieux de plus de trois ans. « Il cache mal un certain embarras pour justifier l'injustifiable. La loi actuelle adoptée en 1989 a déjà été amendée de façon substantielle en mars 1997, réduisant ainsi le nombre de partis agréés de 65 à 28. Que reste-t-il donc à modifier qui ne l'a pas été encore ? », s'est interrogé Mohamed Saïd, qui explique que M. Ould Kablia reconnaît et persiste délibérément dans la violation par son département, au vu et au su de tout le monde, de l'article 42 de la Constitution et de la loi organique relative aux partis politiques. Ces textes, selon le même responsable politique, sont toujours en vigueur et ont été maintenus lors de la révision constitutionnelle du 12 novembre 2008. « A moins d'un putsch constitutionnel, ils sont opposables aux gouvernants et aux gouvernés. Et nul n'est au-dessus de la loi », note le PLJ qui considère à cet effet, la déclaration du ministre comme nulle et non avenue tant que l'article 42 de la Constitution n'est pas abrogé et la loi organique relative aux partis politiques toujours en vigueur. De l'avis des responsables de cette formation politique, la déclaration du ministre de l'Intérieur introduit un facteur supplémentaire de discrimination parmi les citoyens. Tout en dénonçant cette persistance à transgresser certains articles de la Constitution et de la loi sur les partis, le PLJ décidera de la riposte à donner à ce qu'il a qualifié de « déni de droit » qui dénote d'une absence totale de culture d'Etat. Pour le PLJ, l'ouverture du champ politique est une conséquence logique de l'application de la réconciliation nationale initiée.